Fidji
Antoine en parle
Si, comme moi, vous avez découvert le mot magique « Fidji » dans un album de Tintin (vous vous rappelez, dans l'Etoile Mystérieuse, quand le capitaine Haddock rencontre un vieux collègue, et se livre avec lui à une petite danse d'initiés, en proférant des mots incompréhensibles dont -Fidji, Fidji, Fidji » -), vous vous êtes sans doute parfois demandé à quoi ressemblait le pays qui porte ce nom mystérieux?
Il s'agit en fait d'un immense archipel, très étendu, perché tout au bord de la ligne du changement de date : c'est ici, en fait que commence chaque nouvelle journée. Deux des îles sont immenses, Viti Levu, qui porte la capitale, Suva, et Vanua Levu, moins développée ; et tout autour fourmille une galaxie d'îles et d'archipels, du groupe Lau à l'est aux île Yasawa, au nord-ouest.
Très jaloux de leurs traditions, les fidjiens ont cependant un problème : les travailleurs amenés d'Inde au dix-neuvième siècle par les Anglais pour cultiver les champs de canne à sucre, ont depuis fait souche, et sont aujourd'hui aussi nombreux que les « natifs » fidjiens.. et comme les deux peuplades ont des conceptions de la vie fort différentes (coutumes tribales de la Mélanésie, respect de la nature pour les Mélanésiens, commerce et diplômes pour les Indiens), l'archipel souffre d'une instabilité qui se traduit parfois par un coup d'état.
Il est par ailleurs assez difficile d'obtenir l'autorisation de visiter certains archipels reculés comme le groupe Lau, aussi la plupart des voiliers en escale se cantonnent-ils à Suva, aux vastes récifs qui s'étendent au sud de Viti Levu, et aux archipels bien développés touristiquement des Mamanuthas et des Yasawa, non loin de Nadi, où se trouve l'aéroport international.
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Mes liens préférés
Voyage aux Fidji : pacifique-a-la-carte.com
Toutes les infos pratiques : www.easyvoyage.com
Guide voyage géo : www.geo.fr
Pour les navigateurs : www.noonsite.com
Tout Savoir
Viti Levu : Des bienfaits de l'évolution des moeurs
Les touristes australiens qui entretiennent leur hâle sur les plages de sable blanc, au bord du lagon de l'île de Viti Levu, s'exposent en toute innocence sur des côtes jadis réputées périlleuses. Au XIX e siècle, l'archipel des Fidji avait été baptisé « Iles Cannibales » par les navigateurs échaudés. Indépendant depuis 1970, l'État de Fidji, traversé par le méridien des antipodes, est sensiblement inférieur, par sa superficie, à la Nouvelle-Zélande. Viti Levu et Vanua Levu, les deux grandes îles volcaniques au relief érodé, sont entourées de trois cents petites îles frangées de récifs où les amateurs de plongée viennent explorer les plus beaux fonds de la région. Par sa situation géographique, à mi-chemin des îles mélanésiennes et des archipels polynésiens, et sa démographie - 772 000 habitants -, Fidji joue un rôle diplomatique de premier plan dans la communauté des États du Pacifique-Sud. Le chef de l'État, Sir Ratu Mara, a su maintenir un lien fort entre les cultures mélanésienne et polynésienne. C'est à Suva, la capitale située sur l'île de Viti Levu, que se tient la Commission permanente du Forum du Pacifique-Sud. Un ambassadeur français y est même délégué auprès des États insulaires.
Les Mélanésiens s'étaient établis autour de 1500 av. J.C.. A partir de l'an mil de notre ère, des Polynésiens venus des Tonga et des Samoa s'engagèrent dans une lutte féroce avec les insulaires. Les rivalités internes entre les tribus mélanésiennes et les chefferies polynésiennes ne devaient cesser qu'à la fin du XIX e siècle, sous la férule britannique en 1873. Elles se caractérisaient surtout par la fâcheuse manie du cannibalisme. En 1849, un chef de Cokova s'était fait enterrer, au nord de Viti Levu, au milieu de 872 blocs de pierre qui symbolisaient les victimes qu'il avait scrupuleusement mangées pendant sa vie adulte. Les exemples de marins ou de missionnaires servis à l'ordinaire des tribus pullulaient dans les récits des explorateurs. Le malheureux révérend Thomas Baker, en 1867, avait commis l'imprudence de s'aventurer en dehors des clans convertis à la Bible. Une fois estourbi, le pasteur fut pieusement dégusté par ses ennemis. La chaussure rescapée de ce banquet est toujours exposée au Musée de Fidji.
La nature géologique de l'archipel, qui repose sur un plateau corallien peu profond, a toujours rendu la navigation dangereuse dans ses parages. Ce fut l'autre raison de l'exploration tardive des îles Fidji que Tasman , à la recherche des mines d'or des îles Salomon, avait identifié pour la première fois en 1643. James Cook, qui commandait la « Résolution », aperçut en 1774 l'île la plus australe de l'archipel. Cinq ans plus tard, le capitaine Bligh, accompagné dans la chaloupe de la Bounty des membres d'équipage qui lui étaient restés fidèles, traversa l'archipel d'est en ouest et vit, pour la première fois, l'île de Viti Levu. Poursuivi par deux pirogues doubles, il ne dut son salut qu'à une violente tornade et à ses talents de navigateur. Quand il revint trois ans plus tard, il établit un contact avec les Fidjiens.
La première tentative d'unification des Fidji fut l'oeuvre d'un aventurier : Charles Savage. Ce « beachcomber », débarqué près de Suva en 1813 armé d'un fusil, réussit à fédérer les tribus et à renforcer le pouvoir du roi de Viti Levu. Un autre aventurier fit parler de lui en 1901 : l'abbé Rougier. Prêtre catholique doublé d'un boursicoteur avisé, il construisit à Viti Levu, sur l'îlot de Naililili, une cathédrale régulièrement inondée lors des cyclones. Aujourd'hui, son chef-d'oeuvre s'enfonce dans la vase... L'entreprenant abbé Rougier, qui s'était toqué d'amitié pour un bagnard libéré de Nouméa, se consacra au négoce inter-insulaire et finit ses jours à Papeete, très riche, exclu de l'Église et propriétaire des atolls de Christmas, Fanning et Washington. Jusqu'à sa mort en 1932, il se rendait à Fidji et dans ses îles à bord de sa goëlette à trois mâts qu'il appelée « Maréchal Foch »... Par patriotisme.