Cocos(Keeling)
Antoine en parle
Si ses dimensions gigantesques peuvent faire disputer à l'Australie le statut d'île, ce véritable continent austral est cependant accompagné de quelques belles îles : la Tasmanie que je n'ai encore jamais visitée, mais dont j'entends dire tant de bien que je le ferai sans doute bientôt ; les îles de la Grande Barrière de Corail, bien fréquentées, de nos jours , par les touristes, comme aux Whitsunday, par exemple ; les îles des côtes nord et nord-ouest, où il faut se méfier... des crocodiles d'eau de mer ! et puis ces deux minuscules îles légendaires, l'île Christmas ( à ne pas confonde avec son homonyme des îles de la Ligne, aux Cook, dans le Pacifique) et le petit atoll des Cocos(Keeling), qui se trouve loin au large de l'Australie, dans l'Océan Indien (à ne pas confondre avec l'Isla del Coco, dans le Pacifique, au large du Costa Rica).
Les Cocos(Keeling), elles, m'ont offert à deux reprises l'abri presque parfait du mouillage de Direction Island, escale bienvenue au milieu de l'Océan Indien, aux houles inconfortables... si vous cherchez une île vraiment perdue au bout du monde, où vous serez sûr de ne pas retrouver votre voisin, pourquoi ne choisiriez vous pas de faire un jour une balade dans l'atoll magnifique des Cocos(Keeling )...
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Mes liens préférés
Office du tourisme : www.cocos-tourism.com.au
Pour les navigateurs : www.noonsite.com
Tout Savoir
Un récif écossais
Les vingt-sept îles coralliennes des Cocos Keeling, à l'ouest de l'Australie et au sud de l'Indonésie, forment une sorte de fer à cheval où les plaisanciers qui naviguent sur les routes de l'Afrique, de l'Indonésie et de l'Australie aiment mouiller. L'autre moyen de se rendre dans cet archipel, qui appartient désormais à l'Australie, est l'avion qu'on prend à Perth ou à l'île Christmas. Ces îles furent découvertes en 1609 par le capitaine anglais William Keeling, de l'Est India Company. Elles restèrent inhabitées jusqu'en 1826, l'année où un curieux aventurier, Alexander Hare, débarqua sur North Keeling Island, la plus septentrionnale des îles, avec son harem de concubines malaises et ses esclaves.
Un an plus tard, un marin écossais, John Clunies-Ross, imita son exemple et s'installa avec toute sa famille dans l'archipel. Mais fort pieusement et honorablement: Clunies-Ross avait convolé en justes noces. Il mit en valeur les plantations de cocotiers des atolls et importa la main-d'oeuvre de Malaisie pour récolter le coprah, entretenir les cocoteraies. Quand son voisin Hare, au bout de cinq ans, baissa les bras et réembarqua son harem vers d'autres cieux, John Clunies-Ross demanda, en 1831, que la jouissance de la totalité des îles lui soit accordée. Les îles, bientôt rattachées à Ceylan et à Singapour, c'est-à-dire aux colonies britanniques, finirent par appartenir complètement à la famille Clunies-Ross, en 1886, suivant la volonté de la reine Victoria.
Relativement épargnées par les deux conflits mondiaux, les îles Cocos entrèrent dans le giron australien en 1955 mais elles furent formellement achetées, en 1978, par le gouvernement australien au descendant de John Clunies-Ross, l'actuel John Clunies-Ross pour la coquette somme de six millions et deux cent cinquante mille dollars... Jusque là, seule la famille Clunies-Ross avait présidé aux destinées de l'île. Etrangement, quand John Clunies-Ross proposa un statut d'indépendance-association avec l'Australie, les 650 habitants des îles, descendants des Malais, optèrent pour rester sous administration australienne. Ils vivent, pour la plupart, sur Home Island, le lieu de résidence des Clunies-Ross. Dans cet archipel béni, les impôts n'existent pas, les taxes non plus et il serait impensable de faire payer l'eau ou l'électricité aux habitants. Ces avantages expliquent peut-être l'attachement des "Cocomalais" pour l'administration australienne. La souveraineté des insulaires s'étend surtout à l'émission de timbres très recherchés par les collectionneurs.
Le descendant des Clunies-Ross vivait encore, il y a cinq ans, dans l'étonnant manoir centenaire construit par son ancêtre. Mais des six millions de dollars et des poussières versés par les Australiens, il ne reste plus. "Young Johnny", comme l'appellent les insulaires, a tout perdu en jouant les armateurs. Il a même vendu le manoir écossais, avec ses boiseries en teck, son escalier qui menait aux vastes chambres et les bronzes des ancêtres qui trônaient dans le hall de cet étonnant palais des îles.
Il n'y a guère plus que les navigateurs et les amateurs de plongée libre pour visiter cet incroyable témoignage de la persévérance écossaise.