Japon
Antoine en parle
Lost in Translation : un voyage au Japon est toujours une aventure, un challenge : conduite à gauche, très peu de gens parlent une autre langue que le japonais hors des plus grands centres, traditions et gastronomie souvent déroutantes... Mais le voyage n'en est que plus fascinant ; et le pays offre tant de visions magnifiques !
Sur Honshu, la plus grande île, en prenant le Shinkansen vers le sud-ouest, on atteint,Kyoto, Hiroshima, et l'île voisine de Miyajima avec le fameux « torii » ; en allant vers l'ouest, la région du spectaculaire Mont Fuji ; et vers le nord-est, Nikko et le lac Chuzenji, le Tohoku, et la belle baie de Matsushima, aux 260 îles.
Je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter l'île la plus au nord, Hokkaido, mais elle semble magnifique, quoi qu'un peu froide : la banquise la tangente au coeur de l'hiver.
Nous avons particulièrement apprécié les deux grandes îles les plus au sud-ouest : Shikoku, au sud de la « mer intérieure » est l'île des 88 temples, reliées par un pèlerinage incontournable. Enfin l'île de Kyushu a, comme la plus grande partie de l'archipel, un relief très tourmenté ; la ville de Nagasaki, au sombre passé est splendide à la saison des cerisiers en fleurs, le hanami ; Kagoshima , avec son volcan actif, est surnommée la Naples japonaise ; quant à la région de Beppu, elle est connue pour ses « enfers » multicolores , les jigoku, des sources thermales éblouissantes ; et mon coin secret au coeur de Kyushu, c'est la jolie vallée de Kurokawa où, le long d'une rivière, jaillissent de nombreuses sources chaudes alimentant les onsen (bains) des auberges traditionnelles, les ryokan.
Vidéos
- Tokyo
- Kyoto
- Kyoto, le jardin zen
- Miyajima, le Torii
- Pêche traditionnelle à To-mo-no-ura
- Kanazawa, Noto Hanto
- Cerisiers en fleur à Kyushu
- Nagasaki
- Région de Unzen, Kyushu
- Le jardin Suizenji à Kumamoto
- La vallée de Kurokawa
- Matsuyama, Shikoku
- Le jardin Ritsourin à Takamatsu
- Le lac Chuzenji
- Aizu Wakamatsu
- La baie de Matsushima
- Le Mont Fuji en automne
Repérez vous sur Google Maps
Mes liens préférés
L'office du Tourisme du Japon : www.tourisme-japon.fr
Japon pratique avec Géo : www.geo.fr
Toutes les infos pratiques : www.easyvoyage.com
Voyages sur mesure : www.japanveo.com
Pour les navigateurs : www.noonsite.com
Tout Savoir
Les amoureux de l'harmonie
A force de dépeindre le Japon sous son seul aspect économique, sa géographie s'estompe derrière les indices boursiers. Les 4000 îles surgies de l'océan et leurs 291 volcans appartiennent à la jeune chaîne de montagnes qui bordent le Pacifique, du Cap Horn à l'Alaska et des Aléoutiennes à la Nouvelle-Zélande. Ecartelé par les mouvements telluriques, le sol japonais frissonne continuellement. Tokyo ne redoute pas les phénomènes sismiques. L'imprégnation de la mythologie ancienne n'est pas étrangère à ce comportement. Les « tsunami », les tremblements de terre et les éruptions volcaniques sont l?oeuvre des dieux. Ainsi, les îles auraient été créées par le premier couple de l'univers : Izanagi et Izanami. Suspendu dans l'espace, au-dessus des eaux, Izanagi, l'Adam japonais, avait trempé sa lance dans l'écume de la mer et laissé tomber les gouttes pour former les îles.
Quatre îles représentent 98% de la superficie totale du Japon : l'île majeure, Honshû, et les îles de Hokkaidô au nord, Shikoku et Kyûshû au sud. Honshû, l'île principale, est elle-même divisée en cinq régions : le Tôhoku, le Kantô, le Chûbu, le Kinki et le Chûgoku. Respectueux de leur terre, les Japonais sont très attachés à la notion d'harmonie et de paysage. Quatre-vingt-un parcs naturels ont été créés au Japon depuis plus de trente ans. Le bouddhisme zen a marqué cette vénération de l'espace, ce culte de la simplicité et de l'harmonie entre l'homme et son milieu. Tous les temples, par exemple, sont orientées vers le soleil levant, l'aube de la vie nouvelle.
L'univers japonais, depuis la fin du XIX e siècle, depuis l'ère Meiji a deux versants : d'un côté les villes, asservies au principe de la rentabilité, et de l'autre les campagnes, les régions rurales où les citadins cultivent leur nostalgies bucoliques. Les Japonais sont restés jardiniers. C'est leur nature animiste : la grâce éphèmère d'un cerisier en fleurs les enchante. Ce peuple vit pour ses saisons, pour le cycle du riz qui fait passer la mosaïque des rizières d'un vert-jaune délicat, au printemps et en début d'été, au vert émeraude en plein été, puis au vert profond des jeunes pousses au retour de l'hiver? Pendant des siècles, l'horticulture a été, avec la calligraphie, le premier des arts savants.
Les payasges des îles
Un paysage est un but en soi pour n'importe quel Japonais. On ne peut pas voir autrement le Japon qu'à travers l?oeil des artistes qui ont capté la douceur infinie de ces paysages mouillés, ces rivages soyeux sous la pluie et ces montagnes embrumés, dans leurs estampes ou sur leurs rouleaux. Les quatre éléments constants de cette peinture, c'est-à-dire de l'imaginaire japonais, sont l'eau, la neige, la lune et les fleurs' Tous les grands artistes du Japon sont d'immenses paysagistes : Shôkei, Sesshû Tôyô, Shûkei Sesson, Nichi-getsu-sansui-byôbu, Sôtatsu, Hiroshige et Hokusai, le plus célèbre d'entre tous. Le panorama qui s'étend des rivages de la baie de Suruga au sommet du Fuji-Yama évoque à tous les visiteurs ce ched?oeuvre d'Hokusaï : « Le Mont Fuji rouge par beau temps ». L'art japonais prône l'économie de moyens. Un paysagiste ne construit son oeuvre qu'autour de trois ou quatre éléments. Le meilleur exemple de cet équilibre est un jardin, dans la banlieue de Kyoto, dessiné au XVII e siècle par le paysagiste Kobori Enshu. Qu'y voit-on ? Une mer de sable à l'échelle d'une maison, tracée par un rateau, qui encercle le tronc d'un pin symbolisant la terre?
Chaque île a son caractère. Hokkaido, au nord de l'archipel, s'appelait il y a 150 ans « L'île des sauvages » parce qu'elle abritait une population blanche, les Aïnous. Les paysages de cette région rappelle plutôt la Norvège ou le Canada : des forêts profondes peuplées d'ours, des cratères et des lacs, dont le Mashûko, le deuxième lac le plus propre du monde. Dans cette région de ski, on trouve encore de nombreux bains mixtes traditionnels. Le plus grand hôtel de Nororibetsu peut accueillir deux mille personnes dans ses bassins d'eau sulfureuse. Aux environs du lac Kucharo, le plus grand lac de cratère du monde, on peut se baigner en plein air dans les sources bouillonnantes. Certaines régions du Tohoku ont gardé leurs traditions ancestrales. Une fois l'an, sur les pentes de la montagne Terrible, les sorcières du pays font parler les morts. Au mont Dewa, vivent encore des ermites qui détiennent les secrets des anciens chamans.
En face de Noto, dans la petite île d'Hegurajima, les pêcheuses de coquillages, les jolies « ama », continuent de plonger à la recherche des ormeaux. Même si elles ont délaissé la veste sensuelle de coton transparent pour des combinaisons de plongée, elles descendent quarante à cinquante fois par jour à vingt mètres de profondeur? L'île méridionale de l'archipel, le Kyushu, est la « terre des origines » des Japonais. Les lacs de cratères et les volcans en activité de Kirishima sont « les vallées de l'enfer » pour ces insulaires qui préfèrent s'attarder sous les chênes verts et les palmiers, dans les bambous et les magnolias où naquit la civilisation nippone. Les petites îles au sud du Kyushu, comme Yakushima, l'île des arbres millénaires et des singes farceurs, sont les conservatoires de la flore tropicale. Yakushima, où dans la même journée on peut skier et se baigner dans le Pacifique, abrite de vénérables cryptomètres dont certains vieux de 7000 ans?
Partout, sur le littoral japonais où se succèdent les rochers et les criques, le visiteur devient un personnage du peintre Hiroshige. Il contemple les eaux calmes et denses comme un miroir, les pins tourmentés et les maisons de pêcheurs serrées les unes contre les autres, et les barques basses, à la proue surélevée, qui se balancent sous la houle. Ce Japon maritime a l'âge des estampes.