mars 2002
18 mars 2002, 21h42 loc, 8 48 N, 79 33 W
Premier soir d'une traversée du Pacifique. Après une journée assez frénétique : derniers achats de vivres frais, de pellicules photo et de diverses pièces détachées, plein d'eau et de fuel et adieux émus aux jolies barmaids qui tiennent le petit kiosque de la marina Flamenco ( quelle merveille que cette Amérique Latine, où il est tout à fait courant de s'adresser aux femmes qu'on rencontre en leur disant "Mi Amor", "Mi Querida" - Ma chérie, "Mi Inspiracion".. Je me rappelle une gentille fliquette panaméenne, aussi large que haute, à qui j'avais demandé mon chemin, et qui avait commencé par me dire "Mi Tesoro" - Mon Trésor ) ; après une journée frénétique, donc, j'ai fini par prendre le large vers 17 H 00. La mer était belle , le vent faible mais portant, quand j'ai constaté que ma route me ferait passer juste devant le mouillage de la petite île de Taboga à la tombée de la nuit ; les possibilités de jeter l'ancre vont tellement me faire défaut dans les jours et les semaines au grand large qui m'attendent, que je ne me suis pas senti de refuser cette petite escale tranquille, de dormir encore une bonne nuit dans mon lit au lieu de la passer à guetter sans pouvoir fermer l'oeil les innombrables cargos qui montent et descendent le rail d'approche du Canal de Panama. Me voici donc à l'ancre pour quelques heures ; malheureusement le mouillage est étrangement rouleur ce soir, agitant le bateau de façon presque aussi désordonnée qu'en navigation, et il n'est pas exclu que je reprenne la mer plus tôt que prévu !. Près de moi, les lumières du joli petit village fleuri, aux allures presque méditerranéennes, où j'ai découvert il y a quelques mois une plaque dressée en hommage à Paul Gauguin : lorsque le peintre quitta la France une première fois, ce n'était ni pour Tahiti ni pour les Marquises, mais pour cette petite île proche de la grande ville de Panama, où travaillait un parent de Gauguin, qui, dans une lettre, lui avait vanté l'île, où Gauguin pourrait sans mal acheter pour une bouchée de pain aux Indiens un bout de terrain où il pourrait créer son atelier des Tropiques...Malheureusement, quand Gauguin arriva, les travaux du creusement du Canal de Panama par les Français sous la direction du Baron de Lesseps avaient fait monter les prix de la terre et le coût de la vie : Gauguin se retrouva obligé, pour survivre, de s'employer aux travaux du Canal de Panama, dans sa partie la plus difficile à creuser. Son salaire : 1$50 par mois... et il fut vite renvoyé suite à une compression de personnel, et partit pour la Martinique, afin d'y soigner les maladies contractées au cours de ces travaux dans les marécages insalubres infestés de malaria. Le bateau est chargé comme il l'a rarement été, fuel, eau, vivres pour six mois, plus une place sur aucune étagère ni dans le réfrigérateur, le prochain supermarché est à 4000 milles devant. Demain je pars contourner la Punta Mala pour mettre le cap, suivant le vent que je trouverai, vers les Galapagos ou l'île Coco...
19 mars 2002, 17h39 loc, 7 49 n, 79 48 w
La nuit à l'ancre à Taboga a finalement été excellente, la mer s'étant calmée dès que la marée a commencé à descendre : en pleine marée de vives eaux, elle avait hier une amplitude de plus de 5 mètres !
De bon matin, j'ai commencé à hisser les voiles... pour m'apercevoir que le winch de la drisse de grand'voile tournait librement dans les deux sens, ce qui n'est pas vraiment normal : cause : deux minuscules cliquets coincés ; traitement : deux heures les mains dans la graisse, à démonter et remonter l'animal.
Puis j'ai pris la mer, mais le vent n'était pas au rendez-vous : c'est au moteur que je fais route, pour essayer de me sortir au plus vite du rail des cargos qui viennent de Panama ou qui y vont.
Quelques rencontres : des nuées de pélicans qui tourbilonnaient au-dessus de Taboga, d'Otoque ou de Bona (trois petites iles du Golfe) ; volant ensuite en rase motte, en formations serrées au ras de l'eau calme, ils avaient l'air de chercher à se faire engager pour " Le Peuple Migrateur 2"; plus loin, c'est une grosse tortue de mer qui m'a regardé d'un air distrait, occuppée qu'elle était à inspecter un petit tronc d'arbre à la dérive.
Musique du jour : Jean-Louis Aubert "Comme un Accord" ;
Lecture du jour "Napoléon Pommier" par San Antonio ;
fruit du jour : un petit melon doré acheté hier au dantesque marché de gros de Balboa.
20 mars 20052, 16h53 loc, 7 03 N, 81 06 W
La côte de l'Amérique Centrale achève de disparaître dans la brume de chaleur, loin sur tribord : j'ai pris enfin la direction du large, après une dernière nuit paisible dans le mouillage de la baie Benao, bien connue des surfeurs panaméens, qui y trouvent de belles vagues à la saison des vents du sud.
A quelques milles de cette baie s'est installé mon vieux copain Philippe, connu en 1975 au Brésil, où il pêchait la langouste au large de Buzios ; je l'ai retrouvé il y a dix ans à Panama, où il avait créé le plus chic des restaurants français du lieu, dans le "Casco Viejo", la vieille ville, sur la superbe Place de France ; avec son fusil sous-marin, il partait chasser dans les eaux de l'archipel des Perlas les meilleurs poissons servis à sa table ; depuis il s'est installé dans cette région absolument déserte, et il gère un immense domaine comportant plusieurs kilomètres de plage, où de riches propriétaires se font construire des villas luxueuses ou créent de grandes plantations de bois de teck. Dans une rivière du domaine vit un crocodile de deux mètres qui vient à l'appel de son nom, Georges !
Au petit jour, j'ai donc repris ma route, et un instant, j'ai cru aux conditions idéales, 15 noeuds de vent arrière, tout dessus, génois tangonné... mais ça n'a duré que deux heures, et le reste de la journée m'a vu alterner route au moteur et diverses manoeuvres de voile.
J'achève de croiser le rail des cargos, ensuite, ce devrait être le désert jusqu'à l'île Coco
Musique du jour : Jimmy Buffett : Rancho Deluxe/Christmas Island -
Fruit du jour : Papaye.
Livre du jour : le mode d'emploi de mon nouvel appareil photo numérique 5 Megapixels, 200 pages à assimiler !
21 mars 2002, 18h54 loc, 6 29 N, 83 31 W
Journée typique de pot-au-noir gentil : pratiquement pas de vent toute la journée, et puis, au voisinage d'un grain, le vent monte à 20 noeuds, quelques gouttes de pluie, et vite me voilà de nouveau ballotté sur la mer qui, heureusement, à ces latitudes équatoriales, s'apaise vite. (Le pot-au-noir pas gentil, c'est la même chose, mais avec plein de pluie et des rafales trop fortes dans les grains).
La rencontre du jour : j'étais en train de mettre de l'ordre dans mes cartes du Pacifique, quand un vrombissement m'a fait jaillir de la cabine : un hélicoptère surgi soudain de nulle part survolait à basse altitude le bateau, faisait un tour , revenait ; j'ai appellé sur la VHF, canal 16, et je leur au demandé s'ils étaient Costa Ricains; une voix m'a répondu d'un ton las "United States of America". Il y a un peu moins de deux ans, dans les mêmes parages, c'est un navire des Coast Guards Américains qui m'avait approché ; après avoir posé les questions d'usage, provenance, destination, combien de personnes à bord, etc., au moment de terminer la conversation, en anglais bien sûr, la voix me demande "Me confirmez-vous que vous êtes Français ?" Je confirme ; "Ne quittez pas, je vous passe quelqu'un" ; une voix tonitruante remplace l'autre, et en français cette fois-ci :"Hello, Français, je vous souhaite un joyeux Jour de Bastille".. j'ai mis un moment à réaliser que nous étions le 4 juillet, et qu'eux, à bord, ils célébraient leur fête nationale, l'Independance Day. Bastille Day, c'est le nom qu'ils donnent au 14 juillet !
Musique du jour : Hugues Aufray, TransDylan, si tu lis ce message, Hugues, tu as le bonjour de Santiano !
22 mars 2002, 17h loc, 6 03 N, 85 16 W
L'île Coco 110 milles droit devant
La seule fois où j'ai eu du vent sur cette route, c'est lors de ma première visite aux Galapagos, en 1977, un bon petit alizé avait emmené ma goélette Om sur une grande partie de la route; c'était le mois de février ; en mars, l'alizé a quitté la zone, et le vent oscille entre 0 et 5 noeuds : ce matin, avec le courant contraire, je naviguais à moins de 1 noeud : moralité : moteur, moteur, et j'espère que je n'aurai pas de peine à trouver du fuel aux Galapagos... Beau temps radieux , par contre, mer très calme et peu de rencontres, rares bateaux de pêche.
Le fruit du jour : la Banane ! j'avais acheté un régime au marché de Panama, espérant qu'elles mettraient une semaine ou deux à mûrir, et qu'elles le feraient progressivement : elles ont toutes mûri d'un seul coup le 4° jour ! du coup j'ai mis des quantités de bananes à sécher au soleil, et, ce soir, bananes flambées pour tout le monde !
L'occupation du jour : le bricolage : l'autre jour, en fixant une pièce sous la plate-forme du bateau, j'ai dû percer un petit trou dans un des tuyaux du circuit d'eau sous pression : je m'en suis aperçu parce que ça fait deux fois que le bac qui recueille l'eau des douches se remplit, alors que je me douche, en traversée, avec parcimonie et à bon escient (un corse et un arménien) ... j'ai donc entrepris de démonter la quasi totalité du cabinet de toilette bâbord pour trouver la fuite ! Quel sport... je n'ai pas encore trouvé, mais çà devrait venir : pas question de se retrouver sans eau douce à bord pour une telle traversée !
23 mars 2002, 17h39 (TU-5h), 5 33 N, 87 04 W
Iles Coco, Baie Wafer
Coucou, je suis à Coco ! Ce matin l'île m'est apparue à l'horizon, verte, abrupte, comme elle a dû apparaître aux pirates qui sont censés y avoir jadis caché un trésor ; beaucoup l'on cherché, personne ne l'a trouvé. Mais l'île Coco, où j'ai fait escale une fois en 1986, est devenue aujourd'hui une escale coûteuse : le gouvernement Costa Ricain, à qui elle appartient, en a fait un parc national, et fait payer , par jour, 15 dollars par bateau et 15 dollars par personne... mais l'île, légendaire, vaut bien cela , pour deux ou trois jours du moins... si on n'est pas trop nombreux à bord ! J'irai demain voir si je retrouve la cascade sous laquelle nous lavions notre linge et sous laquelle nous nous faisions masser les épaules par la force du jet d'eau. L'île est toujours aussi magnifique, verdoyante, et l'eau parfaitement claire : j'ai plongé contrôler la nature du mouillage auquel je me suis amarré, et j'ai été tout de suite entouré de carangues arc-en-ciel et d'autres poissons curieux.
Pour cet après midi, bricolage : à l'escale, c'est chouette, on n'a plus besoin de réparer ce qui tombe en panne en navigation, on répare juste ce qui tombe en panne à l'escale : aujourd'hui, le moteur hors bord du dinghy; rappellez vous le principe d'Antoine "Toute mécanique a un état normal, stable, naturel, l'état de panne ; on arrive, avec de grands efforts, à la maintenir temporairement dans un état anormal, instable, l'état de marche" : l'autre jour, un autre navigateur spécialiste de la réparation simple m'a confié qu'il utilise presque exclusivement deux produits : le WD-40, qui dégrippe tout, et le "gaffeur", ce ruban adhésif toilé, très résistant, généralement gris metallisé ou noir, qui colle tout ; il résumait sa méthode : "Mettre du WD-40 sur tout ce qui devrait bouger mais ne bouge pas, et du gaffeur sur tout ce qui bouge mais ne devrait pas bouger".
24 mars 2002, Baie Chatham, Isla del Coco, Costa Rica
16 ans plus tard, le débarquement sur la plage de la baie Chatham est toujours aussi scabreux : j'ai manqué une vague au dernier moment, et je me suis fait éjecter du dinghy... dans 50 cm d'eau ; heureusement, caméra et appareil photo étaient bien enveloppés, chacun dans un sachet étanche ; pour que les navigateurs ainsi trempés puissent se rincer, les gardiens du Parc National ont construit une douche, mais rien ne vaut, à une centaine de mètres en suivant le cours du ruisseau, la petite cascade dont le jet puissant vous masse merveilleusement les épaules et les cervicales, endolories par le roulis du mouillage ; on resterait bien des heures assis comme ça sous la cascade... jusqu'au moment où on réalise que les cascades charrient parfois des pierres !
Sur la plage, les gardiens ont aussi gréé un hamac : une photo de plus pour ma collection dehamacs du bout du monde ! Un sentier mène jusqu'à la baie Wafer et à l'épave d'un avion de la 2° guerre mondiale.
Le réembarquement a posé moins de problème, il suffit de s'avancer le plus possible sur la plage, et de guetter un moment sans vague... A mon retour au bateau, le thermomètre intérieur marquait 44°6 ! De temps en temps une vague soulève lourdement le bateau au mouillage, mais c'est infiniment plus confortable que sur un monocoque.
Demain, j'irai voir si le débarquement dans la baie Wafer (Baie de la Gaufrette ?) est moins acrobatique.
Journée comparable à celle d'hier, sauf que pour atteindre la cascade d'aujourd'hui il fallait grimper plus de deux kilomètres, et qu'elle mesurait dans les cinquante mètres de haut.
Il ya dans les deux mouillages de l'île trois ou quatre voiliers venus ici surtout pour plonger ; personnellement, je préfère la partie émergée de l'île Coco, les couleurs du corail, absent ici, me manquent; ce que les gens viennent voir ici, ce sont surtout les requins à aileron blanc et les requins marteaux, peu nombreux ces temps-ci. Un gros bateau à moteur vient chaque semaine du Costa Rica avec une douzaine de plongeurs qui paient près de 4000 $ par personne pour une semaine de plongée !
Plus de 500 expéditions ont au fil des siècles cherché le trésor de l'île Coco; l'une d'entre elle menée par le gouvernement Costa Ricain, ne trouvant pas de trésor, a tout simplement annexé l'île.
Aujourd'hui Coco est classée au Patrimoine de l'humanité par l'Unesco, et elle le mérite. Elle est extraordinaiement verdoyante, surtout quand on la compare aux Galapagos : à 300 milles plus au sud à peine, elles sont si arides qu'on les croirait extra terrestres.
Demain, je reprends la mer en direction des Galapagos.
26 mars 2002, 17h35 (TU-6h soit heure française -7h)
5°04 N, 87 °13 W
Quelle foule, tout à l'heure, à mon départ de l'île Coco ! des milliers de fous (des oiseaux, pas des cinglés) s'étaient donné rendez-vous au large, dans le sud de l'île, au dessus de bancs de petits poissons qui faisaient étinceler la mer ; quand un fou avait, en plongeant, attrapé un poisson, c'est là que ses soucis commençaient, car des frégates (des oiseaux, pas des Renault des années 60) le harcelaient, l'attrappant par une aile ou par le cou, le secouant jusqu'à lui faire rendre la proie... les frégates étant incapables de plonger et même de se poser sur l'eau, les fous s'en tiraient en se posant, et en bouchonnant , l'air un peu idiot, essayant de se faire oublier.
Au milieu de tout ça trônaient quelques dauphins dodus qui devaient avoir leur part du festin ; pour ceux qui ont vu mon film sur l'Atlantique, vous rappellez vous la scène sous-marine ou fous et dauphins se disputent un banc de petits poissons, aux Açores ? C'était sans doute le même genre de curée !
Et puis l'Océan s'est vidé à nouveau tandis que je mettais le cap au 202, direction les Galapagos, 400 milles plus au sud ; on verra, suivant le vent qui y souffle, si je viserai San Cristobal ou Santa Cruz.
27 mars 2002, 16h30 (TU-6), 3°26 N, 87°51 W
Après une excellente nuit de navigation, le temps s'est gâté, et je fonce vers le sud, bondissant sur des clapots désordonnés, et sous la pluie...
Une histoire arrivée à un couple de navigateurs américains retraités, en escale à Tobago, au sud des petites Antilles : ils reçoivent leurs deux petites-filles, venues passer quinze jours à bord ; la valise de l'une d'elles, 13 ans, s'est égarée durant le voyage ; tant pis, on se débrouille avec les moyens du bord, et la croisière se déroule à merveille ; un jour, pour jouer, la petite fille propose de vernir les ongles des pieds de son grand-père... comment refuser une petite facétie amusante à cette petite-fille si gentille, qui choisit un gris argenté "assorti aux cheveux du grand-père".
Quelques jours plus tard, un coup de téléphone à la compagnie aérienne confirme que la valise est retrouvée, qu'il faut aller la chercher au bureau des douanes de Tobago ; le grand-père naviguant prend un bus, se pointe à la douane, mais on refuse de lui donner la valise en l'absence de sa propriétaire, la petite fille, ... le capitaine essaie de convaincre l'officier, puis sa supérieure hierarchique, une dodue mais revêche Antillaise... rien n'y fait ; il s'est pratiquement résigné à refaire 3 heures de route pour aller chercher sa petite fille, quand une idée lui vient... au milieu du bureau des douanes, il enlève ses chaussures, montre ses ongles de pieds peints.." vous voyez bien que j'ai ma petite fille avec moi sur mon bateau; n'importe qui d'autre essayait de me faire ça, je le tuais !". La douanière, conquise "Allez prenez-la, la valise !"
Cette anecdote m'a fait éclater de rire, lorsque je l'ai lue dans le bulletin du SSCA (Seven Seas Cruising Asociation), petit fascicule mensuel plein d'informations très utiles (et très récentes) sur les escales des navigateurs.
J'espère qu'il fait meilleur temps à la latitude des Galapagos qu'ici.
28 mars 2002, 17h18 (TU +6= 1°26 W, 88°53 W (à 50 milles des Galapagos)
Pas grand'chose à signaler aujourd'hui, alternance de passages pluvieux avec vent qui fait mine de revenir, et de calmes (ou de vents faibles venant de là où je veux aller, ce qui revient au même).
Recette du jour :
le thé de soleil : remplir d'eau potable une bouteille en plastique translucide ou transparent (genre bouteille d'un litre et demi d'eau minérale) ; y insérer deux ou trois sachets de thé (le "brisk tea", étiquette jaune, de Lipton fait très bien l'affaire) ; boucher sans serrer le bouchon, et laisser en plein soleil 3 ou 4 heures. (aujourd'hui ça ne marcherait pas, le ciel est tout gris, j'en ai fait avec le bon soleil chaud d'avant-hier) ; puis enlever les sachets de thé et mettre au réfrigérateur; sucrer ou non suivant votre goût... hmm, moi je le fais par bidon de près de 4 litres !
Lecture du jour :
"The Ground Beneath Her Feet" (Le sol sous ses pas ?) , le dernier roman de Salman Rushdie; autant aucun livre de Rushdie ne m'avait encore tenté, autant celui ci est un chef d'oeuvre, une gigantesque saga qui se déplace entre l'Inde, l'Europe et l'Amérique, et qui se plonge, entre autres, dans le monde du show-business international... passionnant ; d'ailleurs je suis en train de le relire.
Je suis rentré dans la carte des Galapagos...
29 mars 2002, 15h40 (TU-7) équateur, 89°46 W
Ceux qui passent l'équateur pour la première fois ont l'habitude de célébrer, de se déguiser en Neptune, et de baptiser les novices à grands seaux d'eau... dans mon cas...c'est la 16° fois que je passe l'équateur en voilier, sans parler d'une cinquantaine d'autres passages en avion, sur le Pacifique, l'Atlantique, l'Océan Indien... Je remettrai donc les festivités à mon arrivée aux Galapagos, qui devrait se faire demain matin au lever du jour.
La liste des courses à faire est prête, je pense aller à Academy Bay, où se trouve le port principal de l'archipel, Puerto Ayora ; j'avais bien aimé il y a deux ans mon escale à Puero Baquerizo Moreno (Wreck Bay), dans l'île de San Cristobal, mais je voudrais vite faire mon ravitaillement et reprendre la route.
La visite du jour
Un fou à pattes rouges venu se poser cette nuit sur un des tangons, et qui est resté là jusqu'au jour, et s'est laissé photographier avant de reprendre son vol. A l'instant, quelle que soit la direction dans laquelle je me tourne, il y a, près ou loin, un dauphin qui saute : il y a longtemps que je n'en avais pas vu autant.
Musique du jour
Le dernier album de Laurent Voulzy, "Avril". Qu'est-ce que j'aime la chanson "I want You" ! Fruit du jour l'ananas de Panama. Acheté bien vert, et jamais soumis à réfrigération, il a mis onze jours à mûrir parfaitement
Carnet de bord 2002
30-31 mars 2002, 0 44° Sud, 90 18° W, galapagos
Academy Bay (Puerto Ayora), Santa Cruz
Comme toujours, l'escale ne laisse pas beaucoup de traces sur le journal de bord : trop de choses à voir, de courses à faire, de gens à rencontrer. Le mouillage est inconfortable, car le vent d'est qui m'a fait défaut durant dix jours vient de se lever, j'espère qu'il durera plus longtemps que mon escale, et que je le retrouverailundi ou mardi lorsque j'appareillerai vers la Polynésie
Un sympathique Equatorien m'a vendu du fuel en me jurant que ses bidons contenaient 20 gallons (76 l) alors qu'ils étaient marqués "60 litres", et j'ai dû reprendre mon mouillage trois fois, la dernière parce que je me retrouvais dans le chemin de la fébrile activité touristique qui agite les Galapagos : des dizaines de bateaux de toutes tailles emmènent des touristes (qui se prennent tous pour Darwin) visiter les sites du Parc Naturel ; à vrai dire, pas besoin d'aller bien loin, ici, dans le port plongent sans fin fous et pélicans, tandis que l'on peut y nager entouré de phoques et de raies.
Je viens de plonger pour passer un coup de scotch-brite sur les coques, où, en deux semaines s'étaient déjà développé des minuscules coquillages épars, gros comme des grains de sucre... là, ma coque est propre, on verra combien de temps elle va le rester sur les 3000 milles sans escale qui m'attendent.
Lors d'un escale ici, il ya 16 ans, j'avais fait la connaissance de Gus Angermeyer, un des colons légendaires venus s'installer ici dans les années 30 ; il vivait dans une caverne irréelle, entouré d'objets héteroclites, dont des vertèbres de baleine ; je vais aller voir s'il est encore de ce monde; mais l'endroit s'est bien développé : sur la pointe jadis déserte où était creusée sa caverne, il ya un restaurant nommé "Pointe Agermeyer".. je vais y aller pour le "brunch" du dimanche... dernier restaurant avant l'autoroute (des alizés) !