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Carnet de bord 2004
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Samedi 14 août 2004
Résumé des chapitres précédents

La dernière fois que je me suis fait plaisir en vous tenant jour après jour au courant d'une de mes traversées, c'était sur la route Panama-Galapagos, Gambier, et c'était.. .il y a déjà deux ans et 4 mois. Depuis, ça été surtout la vie d'escale, deux ans en Polynésie, de courtes traversées, des Gambier ou de Tahiti aux Tuamotu, des Tuamotu aux îles Sous-le-Vent.. et puis j'ai fini par reprendre la mer pour de bon, et mon fils Teiki, 14 ans , vient de m'accompagner des Iles Sous-le-Vent à Rarotonga, aux îles Cook, avec une escale magique dans le petit atoll de Mopelia, pour les belles "iles aux oiseaux" peuplées de milliers de sternes, de fous, de "Goélettes Blanches" (c'est le nom que donnait aux Sternes paradis Bernard Moitessier) et de quelques paille-en-queue peu farouches qui nichent à même le sable, à l'abri des buissons du bord de mer. Et puis nous avons atteint le petit port d'Avatiu, dans l'île de Rarotonga, aux Cook, juste à temps pour nous abriter d'un petit coup de vent du nord qui a transformé la petite baie en chaudron de sorcière; Teiki a repris l'avion pour Tahiti, où la rentrée scolaire est proche, et aujourd'hui le front froid a dégagé le chemin, et je reprends la route demain, en principe, vers le nord-ouest, direction Palmerston peut-être, Wallis sans doute, puis la Nouvelle Calédonie... Quand je regarde la carte , je réalise que, par petites traversées, je me suis déjà éloigné de près de 1500 milles de mon archipel préféré, les Gambier, et d'un millier de milles de mes mouillages déserts des Tuamotu... et je me demande si je ne fais pas une grosse connerie... mais vous savez ce qu'il en est, nous autres navigateurs, quand on a trouvé un endroit vraiment parfait, on finit par être repris par l'envie d'aller voir plus loin si c'est aussi bien...alors, en route, je vous raconterai.

Dimanche 15 août - Rarotonga - 21 11 s - 159 47 w

Ce matin, le petit port d'Avatiu avait retrouvé son calme, son ciel bleu au dessus des jolies montagnes, pas aussi spectaculaires que les pics de Moorea, mais assez belles quand-même. On a du mal à imaginer qu'hier à la même heure, deux voiliers rentrés s'abriter au plus fort du vent du nord tournaient en rond dans le port, cherchant desespérément un endroit un peu protégé de la houle qui rentrait en grand du large. Ils ont fini par s'abriter dans un bassin en cours d'aménagement, à l'est du port, où les voiliers n'ont en principe pas le droit d'ancrer : à l'atterrissage sur la piste toute proche, les avions d'Air New Zealand ou d'air Rarotonga passent si bas, qu'on a l'impression qu'ils vont emporter le sommet des mâts!

Lundi 16 août - 19 25 s - 161 10 w

Hier, à l'instant de quitter le port, j'ai acheté du pain... et un poulet roti, dans la seule boutique ouverte le dimanche de toute l'île : Aux îles Cook, le dimanche est vraiment sacré ! On se repose volontiers les autres jours aussi , puisque tous les magasins ferment à 16 heures, et le samedi à 14 heures ! La première nuit a été tranquille, pas de grain; Je reçois maintenant beaucoup d'informations météo par le telephone stellite (Iridium) :

le fichier "grib" qui me donne des prrévisions de force et de direction des vents pour 48 heures; les cartes meteo de Nouvelle Zélande, indiquant la position d'éventuels fronts et depressions : en ce moment une vaste depression stagne à l'est de la Nlle Zélande, et voilà pourquoi l'alizé est cassé; Il ne reprendra que quand elle aura laissé la place à un bel anticyclone. Je reçois aussi le bulletin hebdomadaire d'un météorologue de Nlle Zélande qui salue le départ d'une zone de temps perturbé, celle qui a causé les vents forts de l'autre jour à Rarotonga, et confirme que la zone de l'alizé a laissé la place à une sone de vent calme et de soleil "Sortez les crêmes solaires" , conseille-t-il... Tout ça ne me fait pas beaucoup avancer.

Mardi 17 août - 18 37 s - 162 41 w

Le vent s'entête à venir du NNW alors que je voufdrais qu'il passe au nord-est, pour que je puisse faire ma route... vers où.
Bonne question, je suis content que vous me l'ayiez posée. La réponse est à géométrie variable; normalement je suis en route pour Wallis (ou Wallis de "Wallis et Futuna", à un millier de milles à l'WNW... Mais j'avais envisagé de faire une halte dans le petit atoll de Palmerston, habité par les descendants d'un homme nommé William Marsters, qui s'était installé ici vers 1860 avec trois femmes, en avait établi une dans chacune des trois iles principales de l'atoll, et a eu 17 enfants et 54 petits enfants : aujourd'hui encore, la quasi totalité des habitants de l'atoll s'appelent Marsters ;
Mais le mouillage n'est pas protégé lorsque l'alizé ne souffle pas, et, à ma connaissance, on ne peut pas rentrer dans le lagon même avec un catamaran en strongall de 90 cm de tirant d'eau. Comme, en plus, le vent persiste à souffler exactement de la direction ou se touve l'atoll, je crois que la halte en principe prévue sera remplacée un coup de sifflet bref.
Et me voilà plongeant fébrilement dans tout ce que j'ai comme info imprimée ou sur disque dur sur une île qui se trouve tout d'un coup à 650 milles droit devant moi, dont je ne lis que du bien, et qui porte, croyez-le ou nom, le nom de Niuatoputapu, tout au nord des îles Tonga. Ce matin, un impressionnant massif nuageux assorti d'une pluie copieuse est passé sur Banana Split, histoire de le rincer. Et puis le ciel est redevenu bleu... mais le vent ne se décide pas à adonner, c'est à dire à tourner dans la direction que je voudrais.

mardi 18 août - 17 53 s - 164 28 w

D'après le fichier "grib" (météo) reçu aujourd'hui, je devrais retrouver un peu d'alizé après demain seulement, et encore, il ne devrait pas durer longtemps, puisqu'il y a encore un front à l'ouest des Fidji (les Fidji, ce sont les plus grandes îles, à gauche sur la carte, on voit qu'à leur ouest, le vent d'est est défléchi, vient du nord-est puis du nord ( tout ça se déplace plus ou moins de gauche à droite ) et qu'il y a une nouvelle zone hésitante avant que ne réapparaisse le vent de sud-est qui serait normal en cette saison ; tout ça pour vous dire que je suis encore en train de battre le record du monde de lenteur de la traversée du Pacifique, et qu'on crève de chaleur sur un océan sans ombre.
Vous vous rappellez que je vous avais raconté il y a quelque mois comment, ayant oublié d'arrêter ma caméra après avoir filmé, j'ai retrouvé sur la bande l'endroit précis où j'avais perdu l'objectif, que j'avais cherché pendant des heures; il m'est arrivé pratiquement la même chose la semaine dernière à Mopelia; ayant fait à pied le tour de l'ilot aux oiseaux (environ 3 km), je m'aperçois que je n'ai plus sur l'épaule ma sacoche d'accessoires photos... je me suis payé un second tour de l'ile, fouillant les endroits où je m'étais arrêté, pour monter le tripode et filmer des fous dans leur nid au sommet des arbres... ou quand je m'étais glissé sous les buissons pour filmer un paille-en-queue au nid... et c'était justement là, excité d'avoir pu filmer aussi bien ce bel oiseau blanc orné d'une longue et fine plume rouge, que j'en avais oublié, et d'arrêter la caméra, et de reprendre la sacoche... je n'en ai pas eu besoin cette fois-ci, mais en fait, la camera avait continuer de filmer mes pieds pendant dix minutes, et en visionnant les images le soir, on y voyait parfaitement le sac oublié sur la plage, juste après la visite au nid de l'oiseau ! Décidemment, une caméra tournant en permanence serait une bonne chose pour les gens aussi distraits que moi !

mercredi 19 août - 17 00 s - 166 22 w

A quelques centaines de milles de ma position actuelle, il y a... déjà 27 ans, dans l'atoll de Souvarov, il m'était arrivé une drôle d'aventure : j'y avais retrouvé à l'ancre Bernard Moitessier... pas vraiment à l'ancre, car il avait amarré pour quelques jours son voilier Joshua à couple d'un immense ketch allemand, long de trente cinq mètres , nommé Sayonara Alfa ; il avait sympathisé avec son propriétaire, un jeune et riche retraité que son équipage n'appellait que "Capitaine", et dès le premier soir, nous fûmes invités à partager le dîner du Capitaine et de son épouse, servis par un maître d'hotel en gants blancs... Pour terminer la soirée, dans cet atoll du bout du monde, nous nous retrouvâmes... autour d'un téléviseur, regardant un film de Hollywood... Cà semble tout simple, tout normal, aujourd'hui... mais à l'époque, en 1977, les magnétoscope venaient à peine d'être inventés : quelques années plus tôt, le seul moyen de voir chez soi un film autre que celui que les peu nombreuses chaînes nationales diffusaient, c'était de posséder, comme une poignée de collectionneurs dont je faisais partie, un projecteur de salle de cinéma (généralement un Cinemeccanica, de fabrication Italienne) et quelques films sous la forme de plusieurs galettes qui devaient bien peser dix kilos chacune.
Je me rappelle qu'à la même époque, en naviguant, je lisais "The Lord of the Rings" (la version originale du "Seigneur des Anneaux"), dans l'édition de poche (il fallait une grosse poche) que m'avait donnée Jacqui, la compagne de Gérard Janichon, un de ces marins qui nous avaient fait tous rêver en faisant le tour du monde sur le petit voilier Damien.
Pourquoi ces deux souvenirs apparemment indépendants ? Parce que hier soir, alors que le vent, lentement, finissait enfin par virer au sud-est (tout en restant bien trop faible), alors qu'au ciel brillaient un minuscule croissant de lune et une énorme planète (Venus ? Jupiter ? Je n'ai pas les éphémérides de 2004, c'est une erreur), je me suis installé sur la banquette du carré, et j'ai revu, sur un petit lecteur de DVD portable, "La communauté de l'anneau", le premier volet de la trilogie magnifiquement réalisée par Peter Jackson, principalement en Nouvelle Zélande, à un millier de milles au sud-ouest de ma position.
Magnifiquement réalisé... et pourtant il y manque à mon gré quelque chose que nous avions trouvé dans ce livre, et plus encore dans son espèce de préface, le livre "The Hobbitt", paru, je crois plus de dix ans avant "The Lord..." : une exaltation du départ, de l'aventure; Si Frodo part bien à contrecoeur remplir une mission nécessaire mais pleine d'horreurs, Bilbo, lui partait, mu par la simple fascination de l'aventure; Il y aurait des moments de joie, des moments de peine, des fêtes et des frayeurs, mais chaque étape serait passionnante; et si jamais il y avait un dragon au bout du chemin, eh bien, on aviserait : Je me rappelle que dans les années 70, le livre de Tolkien était devenu une espèce de bible pour ceux qui comme moi décidaient de prendre un jour la route, ou la mer... Cette dimension manque un peu dans le trilogie récente... mais quel beau film, quelle réalistion, quels acteurs et quels effets spéciaux ! La nuit a passé, pleine d' Elfes, d'Orques (pas les mammifères marins) de Nazgul, de Trolls des montagnes, il y avait même un Balrog... et puis le jour s'est levé sur le Pacifique toujours aussi désert, et j'attends toujours que l'alizé se précise.

samedi 20 août - 16 18 s - 170 59 w

Le capitaine est content, il a retrouvé l'alizé; il faut dire que mon copain P'tit Frère, rencontré en voilier au Brésil en 1977, à Madagascar quelques années plus tard, et installé depuis longtemps en Nouvelle Calédonie, m'a commandé sur mesure un petit force 3 d'ENE qui s'est matérialisé, mais qui d'après la météo ne devrait pas durer longtemps : rotation prévue par le nord, et retour à l'est après demain seulement, je profite donc de ces quelques heures de douceur parfaite en buvant à votre santé un grand verre de jus de pamplemousses de Moorea.
Tout à l'heure, inspiré sans doute par la douceur de l'ambiance, je me dis "tiens, je vais sortir la guitare, et faire un peu de musique", ce que je n'avais pas fait depuis plusieurs mois... je vais dans la cabine arrière tribord, j'ouvre l'étui rigide à guitare vissé à la cloison... et le trouve parfaitement, désespérément vide...Il faut dire que je ne m'étais pas servi de ma guitare depuis plusieurs mois... et qu'il ya quelques mois, à Hao, aux Tuamotu, en plein jourdes élèves du petit collège local étaient entrés par effraction dans le bateau, et avaient volé des harmonicas et petit lecteur de cassettes... je n'avais même pas songé à regarder dans l'étui de guitare... Apparemment c'étaient des amateurs de musique.. c'est peut être eux qui m'ont taxé aussi ma guitare ! Elle n'avait pas une bien grande valeur, était passablement abimée par des années de présence à bord en atmospère marine, mais enfin, on s'y attache, à ces petites choses là ! En plus ça ne doit pas être facile de passer inaperçu dans un atoll peu habité ! C'est donc, en lieu et place de l'oeuvre impérissable que j'allais sûrement composer, la musique de l'album de Cabrel "Les beaux dégats" qui s'envole autour de moi dans les careeses de l'alizé !

SAMEDI 21 AOûT - 16 18 S - 170 59 Wa

Je ne vais pas très vite, mais au moins c'est à la voile et dans une grande douceur; le vent est repassé au nord, j'ai peur qu'il ne revienne pas à l'est avant demain. Dès l'aube, le soleil cogne, et il vaut mieux se proteger de ses rayons; j'ai donc pensé que vous aimeriez que je vous présente les dernièrs modèles de la collection de chapeaux portés à bord de Banana Split. A eux seuls, ils constituent un petit tour du monde, puisque nous avons :

Le classique chapeau de paille antillais, avec son seyant ruban de Madras aux teintes pastel, il se porte tel quel sur les plages de Marie Galante ou de la Désirade; on peut lui adjoindre une fleur d'hibiscus ou d'allamanda, mais pas la moindre fleur à plusieurs centaines de milles autour du bateau à l'heure actuelle.
Puisque nous sommes aux Antilles, le béret Che Guevara, en provenance directe de la Havane, Cuba, est toujours bien porté en escale dans les pays socialistes (qui se font plutôt rares ces temp-ci). J'ai eu l'occasion de prendre l'an dernier une compagnie aérienne italienne qui basait sa publicité sur le slogan "Une révolution dans le transport aérien" , assorti d'une photo d'un stewart portant le béret étoilé.
Changeons d'océan : le chapeau de paille polynésien, souple et confortable, souvent complété d'une fleur de Tiaré; le mien a vu des jours meilleurs, je le porte si souvent qu'il commence à être plein de trous, et de taches de peinture grise datant de mon dernier carénage.
Enfin, un objet rare, à l'origine parfaitement identifiée, un chapeau réalisé au crochet et incorporant des morceaux d'une cannette de boisson gazeuze à la framboise ; je l'ai acheté un matin sur une plage du Vanuatu, au pied du volcan Yasur, à Tanna, je crois, à moins que ce ne soit à Mallicolo, dans South West Bay, non loin du village des Small Nambas. D'accord il est assez difficile à porter, mais il a bientôt fait un tour du monde à la voile quand même, puisque le Vanuatu (anciennement Nouvelles Hébrides) est à moins de mille milles devant mes étraves.
Niuatoputapu n'est plus qu'à 170 milles.

Lundi 23 août - 15 56 s - 173 46 w

Non, ne cherchez pas la page du 22 Août... elle n'existe pas ! Une fois encore, je me suis fait voler un jour : cette fois-ci, c'est le 22 aout 2004 ! Et pourtant, je n'ai pas encore franchi la ligne de changement de date, qui se trouve encore à près de 400 milles à l'ouest... mais les Tonga, n'aimant pas l'idée d'être le dernier pays au monde où le soleil se lève (et, plus particulièrement, où allait se lever le nouveau millénaire), les Tonga ont décidé arbitrairement d'adopter la date du lendemain; remarquez, c'est normal, comme ils ont des relations assez étroites avec la Nouvelle Zélande, qu'ils aient la même date... Moralité, je me suis levé, c'était bel et bien le matin du dimanche 22 aout, j'ai navigué quelques heures et jeté l'ancre dans le lagon de Niuatoputapu, et c'est lundi 23... Bien sûr, on me rendra une journée lorsque je franchirai la ligne de changement de date dans l'autre sens, par exemple si je prends l'acion de Nouméa pour Tahiti le 15 septembre, j'aurai droit à deux quinze septembre; mais ça ne me dit pas ce qu'est devenu mon 22 aout ! Le lagon de Niuatoputapu est paisible, et le cône du volcan Tafahi, qui se dresse à cinq milles plus au nord, est spectaculaire; une dizaine de voiliers voyageurs sont venus s'y abriter , pendant que quelques cumulo nimbus grimpent, annonçant des orages. Je suis descendu à terre chercher les fonctionnaires des douanes, en fait ils viennent à bord ; un groupe d'homme réunis à la porte d'un hangar ont quand même eu le temps de me proposer de me joindre à eux pour le rituel du kava... on verra ça demain :si je peux y couper ça sera aussi bien ! Gastronomiquement, ce n'est pas terrible, ça dure des heures et les conversations avec une poignée de consommateurs hébétés sont assez limitées ! Et puis les fonctionnaires sont arrivés, douanes, immigration, santé et agriculture, ils ont visité le bateau, torché une bouteille de 2 litres de coca light et une énorme boite de biscuits de Malaisie ( pas très bons, je les avais achetés pour la boite colorée !) et m'ont demandé de leur prêter les DVD du Seigneur des Anneaux ! Cette nuit je dors dans ma cabine, sans avoir à guetter le radar.

mardi 24 août
Niuatupotapu

Les escales laissent en général peu de traces dans les journaux de bord, c'est quand on a repris le large qu'on se met à raconter ce qu'on a vécu dans l'île qu'on vient de quitter. Pour aujourd'hui donc, juste quelques photos de ma balade dans Niuatoputapu : les "bureaux" où il faut aller s'acquiter de diverses taxes sont dans la "ville" de Hihifo, à près d'une heure de marche du quai... Près du village unse jolie source d'eau claire et bleue, où une charmante insulaire se baignait... mais ne rêvez pas, ici, les missionnaires ont frappé fort, et on se baigne tout habillé; il y a même une loi aux Tonga qui interdit aux hommes de paraître torse nu en public ! A propose, le nom de l'île, ça veut dire : niua : cocotier, et toputapu : secret : "L'île du cocotier secret"... ça ne s'invente pas !

mercredi 25 août
Niuatupotapu

Je ne sais pas pourquoi , dans cette île, la "ville" a été construite à près de 5 km du quai... et ce matin, on m'a annoncé que j'avais oublié de faire appliquer un tampon de départ sur mon passeport par l'immigration .. il a fallu retourner au village, ce qui m'a donné l'occasion de faire encore quelques photos sympathiques de Tongiens, dont un fier cavalier et deux dodues jeunes filles pour les amateurs de vahinés bien en chair. En principe, la gentille responsable des douanes doit tout à l'heure me rapporter mes DVD du Seigneur des Anneaux (elle n'a pas su changer la langue, il semble qu'elle ait dû les regarder en français !), trois jerricans de fuel au cas où les calmes continueraient, et ma "clearance", le papier officiel qui établit que vous quittez le pays dans la légalité... Si je reçois tout ça avant la nuit, je prendrai la passe et mettrai le cap sur Wallis; sinon j'attendrai demain matin.

C'est curieux, il y a du mouvement, presque toujours dix voiliers dans ce mouillage, mais il semble qu'aucun n'aille à Wallis. Niuatoputapu, pour neuf bateaux sur dix, c'est l'étape sur la route des Tonga aux Samoa ou vice-versa... 18h 57 ( 07h57 heure de Paris)... et j'ai repris le large, juste à la tombée du jour, passant dans la nuit qui vient le cone dû volcan Tafahi; on ne dirait pas, mais il y a une centaine de personnes qui habitent sur ses flancs, qui cultivent et apportent leurs produits à Niuatoputapu.

 

 

Jeudi 26 août - 14 21 s - 175 19 w

Je ne vous envoie pas de photos, aujourd'hui : pour la seule que j'aurais voulu pouvoir vous envoyer, il m'aurait fallu au moins Yann Artus-Bertrand ou Philippe Plisson avec leur beaux hélicoptères, pour photographier Banana Split avançant, toutes voiles dehors, sur une mer parfaitement bleue ; comme il n'y a pas le moindre hélicoptère à l'horizon, je vous renvoie aux images de Banana Split sous voiles prises en Nouvelle Calédonie, elles sont dans le film "Iles... était une fois l'Océanie".

L'océan se peuple pas mal autour de moi, de goupes d'iles invisibles sous l'horizon, mais plus consistantes que les minuscules îlots des iles Cook : j'ai dépassé les Samoa - qui ne m'intéresaient pas beaucoup : leur seul mouillage est à peu près celui du port d'Apia, et pour visiter ces iles magnifiques, mieux vaut y aller sans bateau, et se louer pour trois sous une petite hutte sur la plage de Lalomanu, par exemple .
A part la brève escale à Niuatoputapu, j'ai dédaigné aussi, à mon sud, les Tonga... il m'aurait fallu quelques semaines ou quelques mois pour savourer les nombreux mouillages, en particulier, du groupe central de l'archipel ; mais voilà, je suis en navigation, alors il faut se contraindre à négliger des escales possibles, ou alors on ne ferait plus de route du tout !
La vie a été particulièrement douce aujourd'hui, donc, sur les ailes de l'alizé ; Demain, en principe, la passe, l'île.. une autre vie, je vous raconterai.


Vendredi 27 août
Wallis

Je suis à Wallis, et c'est le pied bleu ! Bleu comme le lagon, bleu comme le ciel toute la journée. Ce matin, au réveil, l'alizé avait repris, et m'a emmené joyeusement vers la passe, que j'ai atteinte exactement à l'heure de la marée basse; le courant sortait encore, mais rien pour effrayer mes deux Volvo 50 CV. Et tout de suite, à l'intérieur du lagon, l'eau plate comme un lac de montagne, et tout autour de moi de petites îles vertes soulignées d'une plage dorée; comble de bonheur, les pandanus sont en fleur, et sous le vent de chaque îlot, on est assailli par le parfum délicieux des "hinano", les fleurs de cet arbuste.

L'île principale, elle, est plutôt basse ; elle n'a pas les montagnes de Moorea, ni même celles des Cook. Mais quelle beauté que celle des îles du lagon ! Celle où je suis venu jeter l'ancre pour la nuit s'appelle Nukutapu, ce qui doit vouloir dire "ile sacrée"; La suivante au nord a une sorte de grande stèle funéraire, et la suivante encore des rochers aux allures de statues de l'île de Pâques.
J'avais quand même pris le temps de faire un tour sur l'ile principale, le temps de faire les formalités de police et de douanes; ça s'est passé dans le sourire et la bonne humeur, car j'ai ressorti mes phrases de politesse Wallisienne : pour ceux qui auraient oublié, pour dire bonjour : -le matin, on dit "Malo te Mauri", qui veut dire "merci d'être vivant" -l'après midi on dit "Malo te kataki " (orthographe approximative), qui veut dire "Merci d'avoir tenu jusque là" Mignon, non ?
J'en ai profité pour faire quelques courses, 4 baguettes bien françaises (vous savez que Wallis ets un TOM), deux côtes de porc, une escalope, quelques Schweppes pour le Gin Tonic rituel, et... Ô merveille, on trouve ici de ces déllicieuses papayes longilignes dites "Hawai", dont je suis très friand, et qui faisaient cruellement défaut sur le marché de Rarotonga ; j'en ai acheté un plein sac ; enfin, pour comble de bonheur, l'édition de septembre (oui, j'ai vérifié, septembre 2004, pas 2003) d'une revue informatique, arrivée ici par avion, et vendue donc au prix de son poids d'or rehaussé de perles. Mais quand on aime, on ne compte pas, et je vais enfin savoir quels nouveaux processeurs on nous réserve, et que faire contre les "spywares" détestables dont aucune manipulation, même un nettoyage poussé de la base de registres, ne parvient à venir à bout.

 

 

Samedi 28 août
wallis

Journée extrêmement tranquille aujourd'hui, bien que ce soit le week-end, il n'est passé absolument personne dans mon coin du lagon.

J'ai travaillé... au montage des images tournées à Tahiti il y a quelques mois, et échangé par VHF quelques mots avec des amateurs de voile installés à Wallis ; demain, j'irai faire un tour à la plage de Faioae, qui, dans mes souvenirs était vraiment belle.

Pour aujourd'hui, je vous envoie juste quelques photos prises hier, dont un groupe de musiciens avec guirlandes : ici, apparemment, les gens portent des colliers de fleurs en toute occasion, bien plus encore qu' à Tahiti. Il y a des gens qui se plaignent qu'il n'y ait jamais de fleurs sur les arbustes de l'île parce que tout le monde les cueille pour faire des colliers !

Quand je pense qu'en France, dans deux ou trois jours, ils vont tous reprendre la route pour remonter vers le nord et le froid... allez, je vous envoie un peu de la paix et de la solitude de cette journée comme je les aime !

 

 

dimanche 29 août
wallis

Vous connaissez ma grande pasion pour le sport .... tous les sports ! Elle est venue me relancer dans mon mouillage tranquille, sous le vent de l'îlot Nukutapu : soudain près du rivage de Wallis, une dizaine de magnifiques pirogues traditionnelles, avec d'immenses voiles : une régate se prépare, je ne peux manquer çà ! J'ai levé l'ancre et me suis approché pour photographier ; malheureusement le ciel s'était couvert de nuages gris, j'aurais fait des photos superbes ; elles sont impressionantes, ces voiles, certaines aux couleurs d'un sponsor (ici, Anchor, marque de produits laitiers néo-zélandais : en Polynésie, on prononce "Anch", comme dans anchois !) Quand le départ a été donné, les pirogues se sont élancées, ce n'est pas avec mes moteurs que je risquais de rester à leur hauteur, d'autant que dans mon excitation à les suivre, je suis passé en douceur sur une petite patate... heureusement, une fois de plus, que ma coque est en aluminium épais ! ... et avec tout ça, je ne sais même pas encore si on a la médaille d'or en VTT !

Lundi 30 août
wallis

Les curieux volatiles qui, à la tombée du soir, tournoyaient au dessus de l'îlot de Faioa, où je suis enfin venu jeter l'ancre, n'étaient ni des frégates, ni des fous, ni des sternes, mais des chauve-souris ! nous admettrons qu'il s'agit de l'espèce que les anglophone appellent "fruit bat", c'est à dire des mammifères volants qui se nourissent de fruits, et non de vampires assoiffés de sang...
Vous ai-je jamais conté la mésaventure survenue à un couple de navigateurs français qui avaient un soir jeté l'ancre près d'une petite île proche du littoral venezuélien; ayant dormi les capots grands ouverts, ils se réveillèrent entourés d'une vaste tache de sang, leur propre sang... des vampires les avaient mordus pendant la nuit, et ces animaux, paraît-il, secrètent un anticoagulant : l'hémorragie avait duré longtemps !
L'affaire était d'autant plus navrante que les vampires peuvent être vecteurs de la rage... Inutile de vous dire que dans les semaines qui suivirent, dans ces mouillages, j'avais appliqué le conseil donné par les autochtones : laisser une lumière allumée sur le pont, au-dessus du capot, pour écarter les chauve-souris !
Je vous parlais d'oiseaux, mais c'est moi qui aurais eu besoin aujourd'hui des soins de la LPO, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (organisme parrainé par Allain Bougrain Dubourg et auquel je vous recommande d'apporter votre aide)... Car voulant faire le plein, et m'éviter de coltiner des jerrycans depuis une station service, j'ai appelé la société pétrolière locale, et on m'a très gentiment répondu qu'on pouvait me dépanner, que si je venais m'amarrer au quai des carburants, un camion pourrait venir faire le plein de mes réservoirs...
J'y suis allé aussitôt, et j'ai constaté que le camion en question était plus apte à fournir des volumes élevés (ils venaient de livrer 13000 litres de fuel à une concasseuse) qu'à débiter les faibles quantités que nos bateaux demandent...
Et comme le pistolet qui venait d'être posé au bout d'un tuyau - qui aurait pu ravitailler le queen Mary - ne voulait pas fonctionner, j'ai été victime de deux geysers successifs de fuel, dont l'un m'a servi de shampooing... les gars m'ont affirmé que c'était du mono'i... si c'est le cas, il ne sent pas pareil qu'à Tahiti... Car voulant faire le plein, et m'éviter de coltiner des jerrycans depuis une station service, j'ai appelé la société pétrolière locale, et on m'a très gentiment répondu qu'on pouvait me dépanner, que si je venais m'amarrer au quai des carburants, un camion pourrait venir faire le plein de mes réservoirs...
J'y suis allé aussitôt, et j'ai constaté que le camion en question était plus apte à fournir des volumes élevés (ils venaient de livrer 13000 litres de fuel à une concasseuse) qu'à débiter les faibles quantités que nos bateaux demandent...
Et comme le pistolet qui venait d'être posé au bout d'un tuyau - qui aurait pu ravitailler le queen Mary - ne voulait pas fonctionner, j'ai été victime de deux geysers successifs de fuel, dont l'un m'a servi de shampooing... les gars m'ont affirmé que c'était du mono'i... si c'est le cas, il ne sent pas pareil qu'à Tahiti...

et voilà pourquoi je suis arrivé dans mon petit mouillage de rêve de Faioa dans un nuage de fuel, et que je sens si fort le fuel que le parfum des centaines de fleurs de hinano qui émaillent le rivage aujourd'hui ne me parvient même pas !

 

 

Mardi 31 août
wallis

Le Maraamu est arrivé, ponctuel ; c'est l'équivalent local - mais tropical - de la Tramontane ou du Mistral : un front dégage vers l'est, l'anticyclone se renforce à notre sud, et vlouf, voici venir l'air polaire; ici, il ne fait tomber la température que de quelques degrés, mais il couvre le ciel de nuages gris, il pleut, et des rafales de vent soufflent sur les mouillages mal abrités : le mien est très bien abrité de cette direction, même si un peu de houle arrive, à marée haute, à passer par-dessus le récif du sud, et à venir me remuer un peu sur mon banc de sable. J'ai fait les photos jointes juste avant que le ciel ne se couvre complètement, vous pouvez y constater qu'une bonne partie de la journée, 2 heures avant et après la marée basse, Banana Split est douillettement posé sur un lit de sable fin. C'est le moment de rentrer à bord, de faire chauffer la bouilloire, un petit thé, des biscuits (le paquet en cours, ce sont des "Bastogne"... c'est toute la Belgique dans le lagon de Wallis).
Je continue à traviller sur les rushes du tournage en Polynésie, je relevais tout à l'heure ceux tournés lors d'un dîner au Bloody Mary's de Bora Bora, et j'avais l'eau à la bouche devant les images du buffet chargé de mahi-mahis et de brochettes et steaks de poissons de toutes espèces. Je vous souhaite un bon mois de septembre.

>> suite (septembre)



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