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Italie

Antoine en parle

Ce jour-là, nous avons quitté le port de Calvi en catamaran... à moteurs ; il est certain qu'avec ses vents souvent faibles ou nuls, et soudain trop forts, la Méditerranée n'est pas la mer idéale si on veut aller à la voile d'un point à un autre : Ulysse en sait quelque chose ; qui mit dix ans à retrouver sa chère Pénélope ; et nous avions un programme à respecter : visiter pour la réalisation de notre film toutes les petites îles de la côte Italienne, sans omettre une brève visite à la Sardaigne, déjà visitée et filmée quelques mois plus tôt, alors que j'y enregistrais les présentations de nos films pour leur diffusion à la télévision italienne.

J'avais eu la chance de pénétrer au coeur de la Sardaigne profonde, d'assister, dans le massif du Gennargentu, à la traite des brebis et à la préparation traditionnelle du Pecorino Sardo, ainsi qu'à la fabrication d'un pain local, si fin qu'on lui donne le nom de « Carta Musica », Papier à Musique.
Nous avons pris la mer : Ces îles, j'en connaissais un bon nombre, pour y avoir fait escale à plusieurs reprises ; en ce mois de mai, je les ai trouvées toutes paisibles et accueillantes ; Sur l'île d' Elbe, je ne me suis pas trouvé dépaysé, ayant déjà visité d'autres haut lieux de l'épopée Napoléonienne, Ajaccio, l'île d'Aix, et bien sûr Sainte Hélène. Monte Cristo, un vieux rêve : j'avais enfin obtenu l'autorisation, difficilement accordée, d'y faire escale' nous n'y avons pas retrouvé le trésor de Monte Cristo, je ne serai pas Comte !

A Ventotene, j'avais rendez vous avec mes souvenirs : j'avais adoré une semaine passée , il y a bientôt vingt ans, dans le minuscule port , taillé dans le roc par les Romains : seul changement notable depuis, plusieurs centres de plongée proposent maintenant d'emmener les visiteurs découvrir les fonds marins.

Le coup de foudre, ce fut Procida ; vous découvrirez plus loin le fascinant décor des maisons couleurs pastel du petit port de la Coricella... tenez, à l'instant où j'écris ces mots, je m'envolerais volontiers vers la Coricella pour passer quelques jours tranquilles dans cette merveille d'architecture spontanée. Capri, bien sur, était à la hauteur, et la visite de la Grotte Bleue, accompagné par les voix de ténor des rameurs, inoubliable... comme la chanson du Gondolier qui m'avait conduit au fil du Grand Canal et des Canaletti de Venise, Venise qui a sa place dans ce livre, puisqu'elle est en somme un véritable archipel !
Les marins parlent d'un « triangle de Sicile »,une zone triangulaire, au nord-ouest du Détroit de Messine, où le temps se détériore parfois de façon imprévisible... il y a trente ans, c'est ici que j'avais abandonné une croisière avec des « copains », qui se révéla désastreuse, moins pour raison de mauvais temps que pour cause de zizanie entre équipiers. Je m'étais même juré en débarquant que je ne ferais plus jamais de bateau ! Il m'a fallu deux ou trois ans pour trouver ma solution : naviguer en solitaire !

En tout cas, cette année, le temps était parfait lorsque, continuant à égrener vers le Sud les iles des rivages italiens, notre vaillant petit catamaran a atteint les îles Éoliennes ; encore un haut lieu de l'épopée d'Ulysse : les marins de l'Antiquité voyaient dans le cône volcanique du Stromboli le plus ancien phare de Méditerranée, et l'on venait de loin chercher aux îles Lipari l'obsidienne dont on faisait des armes ; l'archipel des Eoliennes , aujourd'hui, offre une grande variété d'ambiances, depuis les mondanités de l'île de Panarea, jusqu'aux petites iles d'Alicudi et de Filicudi, sur lesquelles le temps n'a pas prise ; les phénomènes volcaniques sont partout présents ici, des éruptions « courtoises » du Stromboli aux deux cônes de Salina, de la pierre ponce de Lipari aux bains de boue chaude de Vulcano

Et puis nous avons franchi le détroit de Messine, échappant à Charybde et Scylla, deux tourbillons qui terrorisaient les marins antique ; aujourd'hui, il faut plus craindre l'énorme trafic de ferry-boats qui relient à tooute heure la pointe de la Calabre à la Sicile, la plus grande île de Méditerranée; ici aussi l'Etna et la tranchée basaltique des gorges d'Alcantara parlent de volcanisme, et nulle part la nature n'est plus belle que dans le parc naturel des Nebrodi, un parc entre nature et culture.

Photos


Vidéos
  1. Capri
  2. Elbe & Montecristo
  3. Ischia & Procida
  4. Panarea & Volcano
  5. Les Pontines
  6. Sardaigne
  7. Sicile
  8. Stromboli
  9. Venise


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Mes liens préférés

L'office du tourisme d'Italie : www.italia.it
Toutes les infos pratiques Italie : www.easyvoyage.com
Le routard en Italie : www.routard.com
Pour les navigateurs : www.noonsite.com

Tout Savoir

Sardaigne : l'empreinte des géants

La Sardaigne demeure une énigme pour les anthropologues et les historiens. Son histoire ancienne défie les analyses. A l'époque glaciaire où elle ne formait qu'une seule île avec la Corse, elle n'était séparée du continent, de l'actuelle Toscane, que par un étroit bras de mer. Il est probable que les premiers habitants de l'île, à la poursuite de cervidés, s'installèrent sur ces montagnes pour l'abondance du gibier et ses eaux poissonneuses. Leur monnaie d'échange, l'obsidienne nécessaire à la fabrication des armes, atteignait déjà le continent 6000 ans av. J.-C.
Sur ce point, les historiens de l'Antiquité tombent d'accord. Leurs opinions divergent lorsqu'ils abordent la troublante civilisation nouragique qui dura douze siècles jusqu'à l'arrivée des Phéniciens. Les nouraghes sont ces tours trapues, côniques, aux blocs de pierre parfaitement ajustés, qui s'élèvent partout en Sardaigne. Les archéologues en ont recensés plus de sept mille dans l'île. S'agissait-il de nécropoles, de tours de défense? Aucun savant n'a pu avancer d'interprétation définitive. On ne les trouve qu'en Sardaigne. Toutes les hypothèses ont été formulées : tours du « sommeil » pour échapper aux moustiques, temples du soleil, mausolées, observatoires astronomiques... Des marins originaires d'ASie Mineure, de Troie, auraient fondé une colonie troyenne en Barbagia, au coeur des montagnes. Les historiens de la Grèce antique, les contemporains de Socrate, attribuaient à l'influence crétoise les mégalithes sacrés en forme de pyramides renversées, les tombeaux des géants qui, selon la légende, renfermaient des gisants d'une taille surhumaine (8 m de long), et les maisons des sorcières -domus de janas -habitée par les fées.
On sait seulement, aujourd'hui, qu'un peuple pastoral, constitué de bergers et de guerriers, se réfugia à l'intérieur de l'île, tournant le dos à la mer, pour ne pas se soumettre aux Phéniciens puis aux Romains. Depuis l'Antiquité, la Sardaigne, aujourd'hui autonome, n'a cessé de résister aux envahisseurs, de se replier sur sa nature superbe, ses sources aux vertus thérapeutiques, ses plages de dunes, ses vallées couvertes de forêts, parcourues de torrents. Plusieurs Sardaigne cohabitent. Celle de la côte Smeralda, développée par Karim Aga Khan dans les années soixante est un refuge superbe de la jet set à la recherche de calme. Cagliari, fille de Carthage, offre un mélange de baroque espagnol et de style pisan. Son musée archéologique possède des trésors de l'Etrurie et la Phénicie, en particulier la statue d'une déesse mère datant de 800 ans av.J.-C. Près de Barumini, s'élève le site le plus important de la civilisation nouragique : Su Nuraxi, forteresse construite entre le XIII e siècle et le VI e siècle av. J.-C..
La Costa Verde, au sud-ouest de l'île, abrite des plages difficiles d'accès mais magnifiques, intactes, sûrement parmi les plus belles de la Méditerranée, particulièrement celles de Piscinas et de San Nicolao. L'île volcanique de Sant'Antioco -108 km 2-est reliée au littoral par une chaussée. Dans l'île, l'ancienne ville phénicienne de Sulcis, du XI e au XIII e siècles avant J.-C., constitua une importante base navale au cours de la première guerre punique. Le port de Calasetta est le théâtre, chaque année au mois de mai, de la « Matanza », cette pêche au thon héritée des Anciens où les bancs de poissons sont rabattus vers les « camera del morte », les chambres de la mort, pour être décimés. Toute la population du sud de l'île assiste à cette cérémonie rituelle et brutale. De Sant'Antioco, on peut s'embarquer pour l'île montagneuse de San Pietro, refuge d'oiseaux migrateurs aux impressionnantes formations rocheuses.
De tous ces lieux étranges , il émane une force authentique, une violence retenue. C'est le règne de l'yeuse et du chêne liège, des oliviers, des lauriers, des amandiers et des parfums incomparables du maquis : les arbousiers, les prunelliers, les myrtes. Pays des mouflons et des aigles, la Sardaigne se livre dans le jeu cruel des personnages masqués du carnaval : les mamuthones et les insokatores au visage impassible.

Les îles Pontines : Ponza, Ventotene, les murènes de Néron

Pour les Anciens, l'archipel pontin avait un avant-goût d'enfer. Ses rochers volcaniques, ses côtes déchiquetées et ses grottes évoquaient davantage Caron qu'Aphrodite...Occupées dès la préhistoire, les îles -réparties en deux groupes : à l'ouest Ponza, Palmarola, Gavi et Zannone, à l'est : Ventotene et San Stefano -avaient été aménagées par les Romains pour l'agriculture et, surtout, l'aquaculture. Un port, alors, avait été construit ainsi qu'un système d'irrigation très sophistiqué. Tibère, Caligula et Néron avaient recours aux îles Pontines pour éloigner leurs opposants ou les membres de leurs familles trop voyants. C'est à Ponza que Néron faisait élever ses animaux de compagnie favoris : ses murènes affamées qu'il nourrissait de sa main délicate.
Toutefois, Ponza n'était pas l'île du Diable mais un site de relégation agréable où les patriciens en délicatesse méditaient sur l'ingratitude du pouvoir... Après la chute de Rome, les îles Pontines furent envahies par les Sarrasins et reconstruites par les Bénédictins. Au XVII e siècle, le redouté Barberousse, qui vendait ses captifs sur les marchés de Tunis ou d'Alger, s'était établi à Ponza d'où il commandait sa flotte pirate. Après leur repeuplement par des familles campaniennes, les îles Pontines furent, au siècle dernier, converties en pénitencier pour les besoins de la monarchie. Le fascisme l'utilisa beaucoup. C'est l'histoire de l'arroseur arrosé : en 1943, Mussolini connut les geôles du Gran Sasso où il avait déporté un millier de réfractaires...
Aujourd'hui, la beauté naturelle de Ponza ou de Ventotene, à l'écart du tourisme de masse, évoque plutôt Virgile que Dante. Il suffit de sortir du joli port de Ponza, construit par Winspeare sous le règne des Bourbons, de son amphitéâtre de maisons aux couleurs un peu fanées -allant du rouge au jaune -pour contempler de splendides paysages côtiers et les silhouettes des faraglioni, ces rochers qui se dressent dans la mer bleue, au-dessus de formidables zones de plongée. De l'eau, des falaises, des fleurs : ce décor sublime surplombe des plages exceptionnelles comme Chiaia di Luna que l'on découvre au débouché d'un tunnel.
Ventotene n'a pas le caractère romain de Ponza. Elle est plus africaine par nature avec sa terre ocre et ses cactus. Elle tient sa célébrité d'avoir accueilli, à l'époque de l'Empire, Jiulia Agrippina, la fille d'Auguste, si belle et infidèle à Germanicus, et la femme répudiée de Néron, la malheureuse Octavia. Mais l'on ne vient pas dans l'île pour les vestiges de Punta Eaolo. On s'y rend pour le portique creusé dans le tuf, pour le sable coloré, pour ces sculptures naturelles, ces arches au seuil des plages de sable fin. Ah! Si la fille d'Auguste voulait bien passer par là...

Ischia, Procida, Capri : villégiatures impériales

Mis à part leurs excès de table et leur penchant pour les jeux du cirque, les empereurs romains, en matière de villégiature, avaient plutôt le goût sûr. Ce n'est pas seulement le climat idyllique des côtes italiennes qui a placé Capri parmi les îles les plus convoitées du monde. La douceur du lieu abolit toutes les réticences et fait oublier que les visiteurs se pressent, dans de petites barcasses, pour connaître le frisson de la « Grotta Azzura », la fameuse Grotte Bleue aux reflets argentés magiques, ce trou d'aiguille entre la mer et le rocher.
La légende prétend que la sirène qui navigue de grotte en grotte, de Naples à Capri, de Capri à Ischia, est la même que celle qui affola par ses chants les compagnons d'Ulysse. Capri, fantaisie d'Auguste qui voulait en faire son domaine privé, se dresse dans le prolongement de la presqu'île de Sorrente comme un joyau serti dans la mer bleue du golfe napolitain. Tibère, le successeur d'Auguste dont Tacite avait dénoncé la licence et le comportement libertin, s'était retiré à Capri pour y pratiquer les religions orientales et y poursuivre une vie dissolue. L'empereur maudit, qui mourut étouffé sur l'ordre de Caligula, son héritier, laissa une curieuse empreinte dans l'île. Selon Suétone, Tibère « plaçait devant les cavernes ou les grottes des garçons et des filles habillés en Pan ou en nymphe; si bien que l'île fût ouvertement appelée « Caprineum » à cause de ses bouffonneries de bouc. »
Les habitants ont longtemps gardé de Tibère l'image d'un personnage néfaste, mauvais. Lorsque l'excentrique médecin suédois et écrivain Alex Munthe commença à restaurer les monuments romains, les insulaires parlaient encore, dix-neuf siècles après, du « fourbi » de Tibère.
L'île, en fait, est divisée en deux parties distinctes : le côté maritime -Capri -et la petite ville de montagne -Anacapri, « la ville du dessus ». Anacapri ne fut longtemps relié à Capri que par un sentier creusé par les Phéniciens dans la paroi du Solaro. Les écrivains romantiques, à la recherche de soleil latin, classique, s'entichèrent très tôt de Capri, des effets de lumière dans ses grottes mystérieuses, de sa végétation presque tropicale, de la douceur de la mer qui leur parlait d'innocence perdue...Après Tibère le misanthrope, Tibère le dédaigneux, Capri, l'île natale du Tasse, l'immense poète médiéval, séduisit Byron, Goethe et Nietzsche. Ils venaient chercher dans les rades radieuses cette chaleur qu'ils n'avaient approchée que dans les poèmes latins. Wagner composa à Capri son ultime opéra : Parsifal, l'épopée du triomphe du bien sur le mal. Faut-il y voir le symbole des effets bénéfiques de l'île ...
Tout semble apaisant dans l'île : la vue du Monte Solaro où l'on peut admirer les Apennins du Sud, Naples, le Vésuve, Sorrente et Ischia. La volcanique Ischia, colonisée initialement par les Grecs au VIII e siècle av. J.-C., est aujourd'hui très prisée par les visiteurs allemands pour ses sources chaudes. Selon les récits locaux, le bouillant géant Typhon, foudroyé par Zeus et enterré sous l'île, serait à l'origine des secousses sismiques et, surtout, des sources thérapeutiques...Ischia vit lentement au rythme des promeneurs et des pêcheurs qui offrent tous les jours sur le marché les poissons exceptionnels de ces eaux riches.
Procida est la moins touristique de ces îles. Ses pêcheurs sont réputés jusqu'à Naples. Cette activité traditionnelle en fait le charme. Procida tire son originalité de la puissance évocatrice de ses ex-voto et du réalisme de ses statues religieuses. Mais c'est réellement la plus napolitaine des îles par l'expression baroque de son architecture, par son inventivité populaire. Les petites maisons cubiques de Porto, aux perrons et aux escaliers jamais identiques mais dessinés avec une harmonie digne d'un Nicolas de Staël, sont des chefs-d''uvre inégalés dans toute l'Europe et la Méditerranée. C'est le modèle abouti du rêve des Sécessionnistes autrichiens ou du Bauhaus. On peut d'ailleurs imaginer qu'ils se sont largement inspirés de cet habitat génial. Ici, chaque instant de la vie est composée de nuances exquises.

Elbe, Montecristo, Giglio, Giannutri : les confettis de l'Empire

L'île d'Elbe doit sa notoriété au passage en coup de vent -à peine dix mois de séjour -de l'Empereur des Français après l'abdication de Fontainebleau, en 1814. C'est au mois de mai, dans la beauté printanière de l'archipel toscan, que débarqua Napoléon réduit au rang de roitelet de l'île d'Elbe. Jusque là, l'île n'avait pas fait parler d'elle, sinon pour ses mines de fer dont elle avait tiré, sous le règne des Médicis, une éphémère prospérité. Les maisons blanches de Portoferriao, la capitale de l'île, se dressent toujours parmi les rochers, à flanc de montagne, au-dessus du golfe. Pendant ses quelques mois de retraite forcée, Napoléon, qui ne savait pas rester inactif, fit construire un étage à son palais provisoire et aménagea à San Martino sa résidence d'été. Seule trace de ce passage dans la Pinacoteca Foresiana de la villa napoléonienne : une Galatée peinte par Canova, pour laquelle posa l'élégante Pauline Bonaparte, s'ur de l'Empereur qui l'avait rejoint dans son exil.
Pendant cet entracte à l'île d'Elbe, tout en rongeant son frein, Napoléon, entouré du fidèle général Bertrand et de sa mère Lætitia, ne put s'empêcher de gouverner et d'administrer la petite communauté insulaire. Il institua la protocole des Tuileries, réorganisa l'administration locale et relança l'activité industrielle. Il se prit même d'amitié pour un apiculteur qui, à l'époque de son couronnement, lui avait adressé un pot de miel parfumé de l'île...L'épisode le plus émouvant de la présence impériale fut sans doute la dernière visite que rendit la comtesse Walewska à Napoléon, dans une petite maison modeste au milieu des châtaigners. Cet ermitage romantique avait quelque chose de corse...
L'île de Montecristo est passée à la postérité pour avoir inspiré le roman d'Alexandre Dumas. En compagnie du fils de Jérôme Bonaparte, le romancier s'était contenté d'en faire le tour en 1842, faute d'y pouvoir débarquer en raison d'un règlement de quarantaine. « A mesure que nous avancions, écrivit Dumas, Monte-Cristo semblait sortir du sein de la mer et grandissait comme le géant Adamastor...» Pour marquer le souvenir de ce voyage, Dumas promit au prince de donner à l'un de ses romans le nom de Monte-Cristo...Aujourd'hui, il ne reste rien du trésor d'Edmond Dantès sinon une réserve naturelle bien défendue. L'île n'est abordable qu'avec l'autorisation préalable des autorités.
Couverte d'olivaies et de vignobles, Giglio produit un excellent petit vin local aux reflets d'ambre : l'ansonico. Les Romains, dont il subsiste d'imposantes ruines, l'appréciaient déjà. Les petites plages de Giglio sont surtout fréquentées par les plongeurs. Jardin en pleine mer bleue, Giannutri est un fabuleux observatoire naturel. Ses criques abritent des fonds sous-marins protégés, admirables, où ne sont autorisés que les plongeurs en apnée, les bateaux à rames ou électriques. Les amoureux de la nature?

Les îles Eoliennes : Bien-aimées des Immortels

Homère a fait de la fable d'Eole un avertissement contre l'impatience. Dans l'Odyssée, Ulysse et son équipage sont bien accueillis par Eole. Le Gardien des Vents, entouré de ses douze enfants, les traite avec générosité, égards, avant de les mettre sur le chemin du retour. Mais la curiosité, qui pousse l'équipage à ouvrir l'outre des vents contraires offerte par Eole, déclenche une tempête qui ramène la nef d'Ulysse à son point de départ. Eole admoneste alors Ulysse et lui refuse son assistance. « Va-t'en, lui dit-il, puisque tu viens ici haï des Immortels ! »
Cet épisode a permis à Homère de nous laisser une description d'une des îles de l'archipel des Eoliennes : « C'est une île flottante, tout entière enclose d'un mur de bronze, indestructible, et où se dresse un rocher lisse...» Ce rocher lisse auquel fait allusion Ulysse pourrait bien être, après tout, la grande coulée d'obsidienne de Forgia Vecchia, à Lipari, impressionnante masse de verre volcanique de 500 m de large sur 1 km de long dans laquelle les Anciens taillaient leurs armes. Situées entre 30 et 80 km des côtes siciliennes, au nord-est de Palerme, les sept îles Eoliennes -également appelées Lipari -forment un archipel volcanique encore très actif. Cette activité se manifeste par les sources thermales de Lipari, de Panarea, les fumerolles de Vulcano et le fameux Stromboli qui n'a pas dit son dernier mot. Les autres îles, Filiduci, Alicudi et Salina, ne connaissent pas de perturbation volcanique.
Les Eoliennes ont gardé un parfum homérique. C'est ce qu'il reste d'odyssée pour un voyageur, un navigateur, qui veut aller à la rencontre des quatre éléments : l'air, l'eau, le feu et la terre.
A Stromboli, le plus petit port du monde, Pertuso, ne peut accueillir qu'une seule barque à la fois. Il faut suivre les allées et venues de la chaloupe qui amène les marchandises, les touristes et même les animaux, découvrir les maisons éoliennes blanchies à la chaux, prolongées par la pergola, où l'eau de pluie est recueillie dans des jarres en terre cuite.
La dernière éruption du Stromboli remonte au 11 septembre 1930 et inspira à Roberto Rossellini son plus beau film dans lequel apparaît, éclatante de beauté et de force, Ingrid Bergman. En 1930, tous les insulaires avaient décidé d'émigrer en Australie. L'île ne commença à se repeupler que dans les années cinquante. L'actuel cratère actif s'ouvre à 200 mètres au-dessous du sommet. Le soir, le feu d'artifice se produit avec une exactitude helvétique. Tous les quarts d'heure, le ciel s'illumine de scories rouges. C'est le souffle du volcan qui respire. Sur l'île, le village de Ginostra n'a ni eau courante, ni électricité. C'est la même chose à Filicudi et à Alicudi, paradis des pêcheurs de langoutes, des plongeurs, et des chèvres qui semblent étonnées de croiser un marcheur.
La pierre ponce de Lipari -la meilleure du monde, dit-on -forme une haute et impressionnante falaise blanche. Cette pierre est une bénédiction pour la vigne. Salina, ornée de deux cônes volcaniques, possède aussi des terres fertiles et d'admirables petites plages de galets où personne ne songe à venir. Cette île modeste, couverte d'exploitations agricoles, d'olivaies, de champs de câpres et de vignobles de malvoisie, a été attribuée, dans « Le Guépard », au prince de Salina...
Si les cratères de Vulcano sont toujours observés par les successeurs d'Haroun Tazieff qui avait installé un observatoire permanent ici, ses piscines naturelles sont très courues, depuis l'Antiquité, pour leurs bains de boue sulfureuse. Une précaution : ne pas poser les pieds où l'eau sort de terre bouillante. Pour se rincer, il suffit d'aller dans la mer où les fumerolles sous-marines réchauffent l'eau. Les Milanais fortunés aiment se retirer pendant l'été à Panarea, dans les petites maisons blanches nichées parmi les fleurs . C'est un superbe site de plongée entouré d'îlots insolites comme Basiluzzo, constitué de lave vitrifié.
Alexandre Dumas parlait à Stromboli d'un volcan courtois. Tout l'archipel continue de pratiquer la loyale hospitalité d'Eole.

Sicile : le grand écart des dieux

Tous les dieux de la Méditerranée ont fait un écart par la Sicile pour se mesurer à la beauté de ses forêts de cédrats, de ses alignements d'oliviers et d'orangers frémissants sous le chaud soleil de ses vallons fertiles. Les savants de l'Antiquité y accouraient, comme Empédocle qui tomba dans le cratère de l'Etna en laissant derrière lui une sandale de bronze. Les Grecs -les Ioniens, les Corinthiens et les Crétois -trouvèrent une seconde patrie sur l'île. Syracuse, leur colonie émancipée, anéantit les Athéniens de Périclès en 413 avant J.-C.. Une dizaine d'années après cette victoire, l'île se fractura en deux : à l'est, les Grecs syracusains, à l'ouest, les Carthaginois. Ce n'était que le début d'un long défilé d'hôtes de passage plus ou moins bienvenus, attirés par les cultures de céréales, par les salines, par les richesses de ce carrefour méditerranéen. Les Romains, les Vandales, les Goths, les Byzantins, les Sarrasins, les Normands, les Angevins, les Autrichiens et même les Garibaldiens irriguèrent de leurs passions ce vaste territoire contrasté.
La forme triangulaire de la Sicile lui avait valu son ancien nom de Trinacria ou « Terre des Trois Pointes ». Ses côtés correspondent à trois types de régions qui se battent froid : l'une regarde vers la mer Tyrrhénienne, l'autre vers la mer d'Afrique, la troisième vers la mer Ionienne. La côte nord est un massif rocailleux, tourmenté, creusé par des torrents jusqu'à Palerme. La côte est se distingue par son volcanisme, par l'Iblei et l'Etna, sentinelles de la mer de Catane. L'Etna, le volcan le plus important d'Europe, culmine à 3226 mètres. La côte sud ressemble à l'Afrique avec ses plateaux semi-désertiques. Ses rivages sont parfois balayés par le sirocco saharien. C'est la région de Ragusa , de Porto Empedocle, d'Agrigento. La Sicile est multiple comme la Méditerranée qui l'entoure. Contrairement aux Romains urbains, aux Napolitains démonstratifs et aux Toscans diserts, les Siciliens détestent les confidences. Mais sous la pudeur, sous la réserve apparente, s'écoule la lave brûlante que les artistes et les créateurs siciliens expriment dans leurs oeuvres : Pirandello, Sciascia, Lampedusa pour la littérature, Scarlatti et Bellini pour la musique. Ici, toutes les civilisations se sont mariées. Le théâtre grec de Syracuse voisine avec l'amphithéâtre romain et les mosaïques byzantines fleurissent dans les édifices religieux bâtis sous le règne des Normands : la chapelle Palatine de Palerme, le duomo de Monreale et celui de Cefalu. Les Normands surent adapter les chefs-d'oeuvre laissés par la présence arabe : les palais, les mosquées, les fontaines et les jardins. L'esprit de la cour de Palerme avait produit la civilisation la plus raffinée et la plus aimable du Moyen Âge. L'art baroque, initié par la Contre-Réforme, a aussi trouvé en Sicile sa terre d'élection sous l'impulsion des suzerains espagnols. L'essor baroque a profité de la construction de Catane, Noto et Raguse détruites à la suite de terribles séismes. Il semble, à travers les sculptures, les ornementations en marbre précieux, l'abondance du stuc que l'art baroque attendait le génie sicilien pour s'exprimer pleinement, pour atteindre sa plénitude. Noto constitue le plus remarquable ensemble baroque de toute l'Europe grâce à l'un des enfants du pays : Rosario Gaglairdi, l'un des plus grands architectes du XVII e siècle.
Au cours de la semaine sainte, tous les ans, cette Sicile à la fois charnelle, sensuelle et mystique se dévoile dans ses excès : les mystères byzantins de Piana Degli Albanesi où les plus belles jeunes filles de la cité sont couvertes de dentelles et de pierreries, le Vnedredi Saint de Trapani où une foule recueillie suit les statues baroques parées comme des déesses antiques.
Sciascia, le plus Sicilien des écrivains italiens, affirmait que ses compatriotes étaient des insulaires continentaux, qu'ils voulaient se soustraire à la mer. « La mer est amère », prétend un proverbe sicilien.

Venise : La république des îles reines


La beauté troublante de Venise tient au mystère même de son existence, à ce maillage savant d'une centaine d'îles reliées entre elles par des ponts gracieux. Les demeures vénitiennes, palais et maisons plus modestes posés sur des pilotis, y sont construits dans l'argile même de la lagune. Tout vient de la mer, à Venise, les voyageurs, la fortune et la gloire. Même les canaux sont des bras de mer, les cheveux de l'Adriatique.
Pourquoi la Venise de Casanova semble plus attachante que la république mercantile, byzantine et impériale de ses fondateurs, les Doges, ou que la Venise romantique de Nietzsche ...La Venise du XVIII e siècle, devançait, dans les comédies joyeuses de Gozzi, de Carlo Goldoni surtout, toutes les audaces des temps nouveaux. Cette Venise là professait le libertinage. Elle se consacrait au jeu, aux arts, à la musique et désacralisait les peurs immémoriales. Elle n'intimidait plus ses voisins et ne gouvernait plus la Méditerranée. Même plus la mer Adriatique. Elle n'était plus l'île puissante qui tenait tête aux puissances continentales, à l'Espagne et aux Ottomans. Elle indignait les vertueux. Les autres, les galopins révolutionnaires qui, comme Casanova, croyaient que l'homme libre n'a de compte à rendre à aucun censeur ou moraliste, s'y étourdissaient de fêtes. C'est cette Venise de Vivaldi qui revit tous les ans, au moment du Carnaval, sous les masques de Canaletto place Saint-Marc, au Grand Canal, à la Fenice restaurée, dans les îles de Murano et de Torcello, à la Galleria dell'Accademia et à la Scuola Grande di San Rocco.
Le président De Brosses, connu pour avoir inventé le nom de Polynésie, aimait la Venise allègre, dansante, où le plaisir était partagée tous. « Cette ville est si singulière, écrivait-il, par sa manière de vivre à faire crever de rire, la liberté qui y règne et la tranquillité qu'on y goûte, que je n'hésite pas à la regarder comme la seconde ville de l'Europe. »
Chaque île de Venise raconte une histoire différente. Au Lido, les étudiants américains, se prennent pour Ernest Hemingway au Harry's Bar. A San Michele, autour du vieux cimetière, l'eau reflète le ciel au coucher du soleil. Elle l'embrasse. Murano, cette Venise en miniature composée de cinq îles sillonnées de canaux, se consacre depuis des siècles à l'art des verriers, des souffleurs de verre. Burano est l'archipel de la dentelle. La plus sereine des îles de la lagune est incontestablement Torcello où Henry James venait se retirer. L'abside de la cathédrale byzantine est ornée de mosaïques qui préfigurent presque les amples toiles de Fernand Léger. Même la Vierge colossale a quelque chose d'une déesse mère. Comme Venise, la déesse des cités lacustres.
Il ne reste plus au visiteur qu'à naviguer sur les eaux des antiques îles disparues, reprises par la mer : Ammiana, Costanziaca, Isola Dei Mani. De Santa Cristina, survit un morceau de lagune où s'élève une maison. Seule, déserte...



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