Moorea
Antoine en parle
Les voiliers vagabonds ancrés au quai de Papeete tournent le dos à la ville animée, et font face à l'un des plus beaux paysages du monde : la silhouette dentelée, spectaculaire, de Moorea, l'île soeur ; pas étonnant que beaucoup de visiteurs de Tahiti, ou de Tahitiens de souche, choisissent de passer à Moorea leurs moments de loisirs : Moorea, c'est un peu comme une copie vierge de Tahiti, montagnes et baies spectaculaires, plages de sable bien plus nombreuses qu'autour de Tahiti, flancs des montagnes presque totalement préservés de la gangrène des lotissements de villas souvent somptueuses qui grimpent à l'assaut des montagnes de Tahiti.
Moorea, elle, est préservée, tranquille, un cadre idéal pour des instants de bonheur.
Le faible tirant d'eau de mon catamaran me permettant d'emprunter des chenaux d'habitude impassables aux voiliers, j'ai cette année passé des semaines à explorer les vastes lagons turquoise qui la bordent, et constaté à nouveau la justesse du conseil que je donne depuis plus de vingt ans aux amis qui me demandent de l'aide pour leur premier voyage à Tahiti :
dès l'atterrissage à Papeete, prenez le petit avion qui vous conduit en quelques minutes à Moorea ; là sur le sable blanc de la paisible baie de Vaiare, plongés tout d'un coup dans une image inoubliable de la Polynésie d'antan, vous oublierez la longueur et les fatigues du voyage... puis vous visiterez les îles Sous-le-Vent, les Tuamotu peut-être, avant de découvrir les charmes de la grande île (au demeurant nombreux) au moment de reprendre l'avion... mais c'est à Moorea, spectaculaire et préservée, que votre coeur aura commencé à battre au rythme incomparable de la Polynésie !
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Mes liens préférés
Office du tourisme de Tahiti et ses îles : www.tahiti-tourisme.fr
Le guide du routard : www.routard.com
Toutes les infos pratiques : www.easyvoyage.com
Guide complet de la Polynésie : www.tahitiguide.com
Pour les navigateurs : www.noonsite.com
Tout Savoir
La beauté au jour le jour
L'île soeur de Tahiti est la destination favorite des Tahitiens, le week-end. Ils ont tous un parent, des amis, un faré où ils peuvent se retirer, le temps d'une bringue, d'un repas entre copains, dans une atmosphère polynésienne insouciante qui rappelle le fatalisme heureux du Tahiti d'autrefois. A chaque jour suffit son bonheur, sa plongée dans le lagon scintillant et une partie de pêche en « poti marara », ces petits bateaux rapides qui prennent en chasse les daurades coryphènes, les savoureux mahi-mahi...
A l'ouest-nord-ouest de Papeete, à quinze milles nautiques de Tahiti et à dix minutes en avion de l'aéroport de Faaa, Moorea a gardé, malgré la création d'importants hôtels sur le littoral comme celui du Club Méditerranée, une douceur de vivre incomparable. Ici, on vit en tee-shirt, en paréo; on se ravitaille chez l'épicier en scooter; on dîne et on déjeune sous les pandanus, les « purau » et les cocotiers, parmi les hibiscus, sur la plage. Le poisson à peine pêché est dévoré cru, arrosé de lait de coco et de citron vert, ou grillé sur des souches ramassées sur le sable blanc des longues plages de l'île. Reflet de l'âme rêveuse de Tahiti, Moorea a la silhouette parfaite d'une montagne façonnée dans la mer par Taaroa, le dieu maohi suprême. Vue du ciel, frangée d'un important lagon, elle a la forme d'un trident royal avec ses baies sublimes de Cook et d'Opunohu où, jadis, mouillaient les vaisseaux des explorateurs. La dernière version hollywoodienne des « Révoltés du Bounty », avec Mel Gibson, Anthony Hopkins et Daniel Day Lewis, fut presque entièrement tournée à Moorea, au mont Tohiveha qui, du haut de ses 1207 m. d'altitude, domine les deux baies. Restée agricole et un peu mystérieuse dès que l'on s'enfonce à l'intérieur de ses vallées, sur les pentes de ses plantations d'ananas, de ses prairies même, Moorea est très attachée à ses traditions. Il faut pénétrer sous les banians, sous les châtaigners tahitiens, les mapé, pour découvrir, dans une végétation réellement luxuriante, d'impressionnantes cascades, des tikis, des figures de dieux creusés dans la pierre et des marae, ces sanctuaires de l'antique religion tahitienne...
La reine Pomaré IV, au siècle dernier, aimait se retirer ici pour s'éloigner des choses politiques et se ressourcer auprès de ses sujets. Le contraste est saisissant entre l'abondance du lagon - ses marara, poissons-volants argentés, ses poissons perroquets colorés -, la lumière des plages où se balancent des milliers de cocotiers et l'ombre grave de l'intérieur de l'île où sont enfouis les secrets des vieilles dynasties.
Un homme est arrivé à Moorea il y a longtemps. Il naviguait sur les navires marchands. Il cherchait sa vérité. Ce voyageur est devenu peintre. Il a posé ses pénates sur une plage et n'est jamais reparti. Il s'appelle François Ravello et, au jour le jour, célèbre sur ses toiles la douceur sensuelle du vent et des vagues qui chantent l'amour, l'amitié et la loyauté.