Tahiti

J'écris ces mots à l'ancre à un demi-mille du rivage de la plus belle partie de Tahiti, sa côte sud, des grandes cocoteraies d'Atimaono aux falaises du Pari. C'est un peu le Tahiti des temps anciens, celui qu'entrevirent Cook et Bougainville...

Bien sûr le « progrès » a atteint, transformé une partie de l'île, bien sûr, Papeete est devenue une ville un peu agitée, embouteillée, où, comme dans toutes les villes, l'argent est roi... mais il n'est pas besoin d'aller bien loin pour découvrir au long de la route de ceinture des paysages que n'aurait pas reniés Gauguin...

Quant à la Presqu'île qui prolonge Tahiti au sud-est, il m'y est arrivé récemment, ayant jeté l'ancre dans un mouillage très rarement visité par les voiliers en escale, de voir arriver de la plage une pirogue chargée de quatre jolies filles d'ici, m'apportant en cadeau de bienvenue des fruits et légumes cultivés dans leur jardin sur le Plateau... Bougainville, somme toute, n'est pas très loin !

Tahiti, ce sont pour moi des paysages à couper le souffle, particulièrement dans la montagne, pratiquement inviolée : une seul route, impraticable une partie de l'année, traverse l'île de part en part ; c'est aussi une végétation exubérante, des fleurs et des feuilles d'anthologie ; et puis des gens passionnants, des traditions, des musiques, sans oublier l'art, art du tapa, du tatouage. Tahiti, c'est, enfin, l'occasion de rencontrer un bon nombre de vagabonds tombés amoureux de cette île de légende, qui y ont refait leur vie, et qui l'ont, ma foi, souvent réussie...
Tahiti, somme toute, reste tout à fait à la hauteur de ce que l'on raconte d'elle !

1. Tahiti

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Office du tourisme de Tahiti et ses îles : www.tahiti-tourisme.fr
Le guide du routard : www.routard.com
Toutes les infos pratiques : www.easyvoyage.com
Guide complet de la Polynésie : www.tahitiguide.com
Pour les navigateurs : www.noonsite.com

Sa Majesté des îles

Une majesté naturelle, voilà ce qui distingue Tahiti des autres îles. Trop souvent, par commodité touristique, Tahiti est apparentée à un style de vacances - sable blanc, paréo, huile de monoï et hamac tendu entre deux cocotiers - plutôt qu'à un art de vivre d'une grande sagesse. Or, Tahiti a été pour tous les visiteurs, de Stevenson à Jack London, de Gauguin à Marlon Brando, de Matisse, même, au romancier Jacques Laurent, le refuge d'une qualité de vie authentique sur une île riche, variée, dont il est impossible d'épuiser les charmes, les beautés subtiles...

L'île de Tahiti, c'est d'abord une montagne, parfaitement calée sur ses assises, comme le trône d'une très ancienne dynastie et coiffée d'une crête de pics baptisée « Diadème », « Mont Maurau ». Vue du ciel, Tahiti, dont la superficie dépasse 1000 km 2, doit sa forme de face-à-main, de miroir, à deux volcans rattachés par un isthme étroit. Son sommet, l'Orohena souvent embrumé, culmine à 2.241 m d'altitude. De grandes vallées, où courent des torrents tumultueux, partent du sommet central et s'ouvrent en corolle de verdure, de fougères arborescentes, de puarata, jusqu'aux cascades des plateaux qui tombent sur la mer, sur la plaine côtière, bordée de flamboyants, de manguiers, de frangipaniers. La presque-île de Tahiti est encore plus sauvage avec ses parois abruptes, ses chutes d'eau qui surgissent dans le brouillard et ses prairies où paissent des vaches normandes. Le c'ur de l'île, lui, reste impénétrable. Tous les projets de route transversale est-ouest et nord-sud que le général de Gaulle avait promis autrefois aux Tahitiens ont été abandonnés. Une route côtière de 114 km relie entre elles les communes, toutes situées sur le littoral. Tahiti est d'abord une montagne où l'on se réfugie, les jours de congé, pour prendre le frais, cueillir les fruits des sous-bois, se baigner dans les rivières et y pêcher, avec un simple paréo, les chevrettes, les crevettes d'eau douce. D'étranges anguilles pourvues d'oreilles, parfaitement inoffensives d'ailleurs, peuplent ces bassins, ces bains naturels creusés par les cascades.

Pour comprendre Tahiti, il faut se situer entre mer et montagne, contempler des hauts de Punaauia ou de Mahina, des plateaux de Paea ou de Papara où l'on cueille des oranges sauvages à l'écorce verte, cet extraordinaire balcon sur la mer, sur Moorea... C'est un belvédère sur la sérénité absolue, lumineuse du Pacifique.
Aujourd'hui, l'essentiel de population de l'île se concentre à Papeete et dans sa périphérie, dans les communes voisines de Punaauia, de Faaa, de Pirae, d'Arue... Cette urbanisation, plus ou moins contrôlée, s'est étendue aux collines voisines de la capitale de la Polynésie Française que Matisse ne reconnaîtrait sûrement pas en raison des aménagements urbains qu'elle a subis et de son évolution économique. Depuis l'établissement de l'Autonomie Interne, l'Assemblée Territoriale et le gouvernement polynésien y siègent.
Il faut musarder dans les anciens districts, dans les petites communes fleuries, pour trouver les repères d'autrefois. Les senteurs de tiaré- la fleur de l'île- ou les rythmes d'un ballet d'écoliers réveillent la mémoire de la rencontre historique de l'Occident avec l'île des parfums et des fruits nourriciers : la baie de Matavai où Cook et Bougainville jetèrent l'ancre pour la première fois, les rives de la Papenoo qui fournirent des pieds d'arbres à pain à l'équipage du Bounty, la grotte de Maraa qui abrita la passion de Gauguin pour sa belle Tahitienne, les chemins de la presqu'île qu'arpentèrent La Pérouse et, plus tard, Victor Segalen. Chaque promeneur, à Tahiti, éprouve l'éblouissement ressenti par les navigateurs depuis le siècle des Lumières : un sentiment de bien-être, une douceur dans le regard et un désir intarissable de fêtes, de danses, de rires. Les Tahitiens aiment partager avec leurs hôtes les bienfaits dont ils ont hérités : les plages de sable noir de la côte est, le lagon cristallin de Punaauia, les délices d'un repas cuit selon les rites anciens, une partie de pêche en mer et la passion de chanter pour le bonheur du prochain...