Huahine

Une troupe de baleines de bonne taille bondissait hors de l'océan, retombait dans des gerbes d'eau, sur fond de montagnes découpées : c'est la seule image que j'avais gardée de mon passage au large de l'île de Huahine, la plus au sud est des îles Sous-le-Vent, lors de mon premier tour du monde, à bord de la goélette Om, en 1977...

Je m'étais juré de faire un jour une escale prolongée dans cette île que j'avais manquée. Des années plus tard, en 1986, j'atteignais à nouveau la Polynésie, et c'est Huahine que j'ai choisie, Huahine qui m'a séduit : en fait j'ai passé des semaines et des mois dans le mouillage parfait que je m'étais trouvé, au sud de la côte est de l'île, là où le lagon cesse d'être navigable, dans la baie d'Avea ; des semaines et des mois à vivre paisible à bord de mon petit voilier, Voyage ; à pêcher, à entretenir le bateau, à rêver, mais aussi à travailler, écrire, composer.

C'est à Huahiné que j'ai écrit ma chanson « touchez pas à la mer », et mis en route une dynamique qui m'a conduit, au cours des quinze dernières années, à tourner plus d'une douzaine de films, dont l'un, bien sûr, passe par Huahine.
Huahine reste peut-être la plus authentiques, la plus préservée des îles hautes de Polynésie ; on y cultive la vanille, on y découvre un grand nombre de « marae », ces vastes temples en plein air des anciens Polynésiens.

C'est l'île où avait choisi de vivre un des plus célèbres artistes polynésiens, peintre, sculpteur et chanteur, Bobby Holcomb. C'est une île empreinte de légendes (c'est pirogue du demi-dieu Hiro qui aurait pratiquement coupé l'île en deux... c'est avant tout une île où il fait bon vivre, et je serais bien étonné si dans les mois à venir, mes étraves ne se pointaient pas dans le lagon de Huahiné pour y retrouver la douceur du mouillage d'Avea...

1. Huahine

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Raiatea, Tahaa, Huahiné, Bora-Bora et Maupiti appartiennent à un groupe mythologique solidaire et puissant qui forgea une civilisation de la mer et du récit maritime aussi homérique que celle des Cyclades pour les Grecs anciens. La découverte de ces îles de pure beauté, émergeant dans les reflets émeraude des lagons, ressuscite les sagas et les exploits des héros qui ont orienté la migration de ceux qu'on appelle aujourd'hui les Tahitiens.

Huahiné est peut-être la plus troublante, la plus intrigante des îles de la Polynésie Française. Elle se compose aussi de deux îles séparées par un étroit chenal qu'un pont enjambe mais que l'on peut aussi traverser à pied sec à marée basse. Dominée par ses deux volcans, Turi et Puhuerei, Huahiné possède un charme unique, entêtant, qui envoûte tous les visiteurs. Est-ce le calme de ses belles plages, l'exceptionnel agrément de ses « spots » de surf et de ses vagues réputés dans le monde entier, la cordialité du port de Faré, l'ensemble exceptionnel des marae de Maeva mis au jour par Sinoto, le lac de Fauna Nui ou le caractère secret de la montagne boisée ... Il y a une grâce propre à Huahiné, une joie d'accueillir que l'on retrouve partout, à table, dans les petites pensions de familles, sur la route où tout le monde se salue et dans cette forêt dense où les lianes des vanilliers s'enroulent autour des banyans, des mapés, des manguiers géants...