Mai 2002
Bonjour,
Ceux qui ont eu l'occasion de suivre le récit quotidien de ma récente traversée savent exactement à quoi j'ai occupé le mois d'avril : en résumé, après un premier avril très occupé aux dernières courses - le marché de Puerto Ayora, Santa Cruz, Galapagos, n'est pas très excitant - , après les dernières formalités et une dernière nuit à l'ancre dans le mouillage médiocre d'Academy Bay, je me suis élancé pour la plus longue traversée sans escale possible sur la route d'un bateau naviguant autour de la terre au gré des alizés : près de 3000 milles ou 5500 km, des Galapagos aux Marquises ou aux Gambier ; d'accord, c'est la quatrième fois que je fais cette traversée en 25 ans, mais ça impressionne toujours un peu : on sait qu'au bout de quelques heures ou quelques jours il ne sera plus possible, en cas de pépin, de faire demi-tour : une fois vraiment parti, il n'y a plus d'autre issue que d'arriver de l'autre côté (il y a deux ans, c'est une configuration particulièrement favorable qui m'avait permis de revenir vers Panama lorsque j'avais eu envie de retourner aux San Blas).
J'ai tatonné près de trois jours à la recherche de l'alizé : c'est à ça, entre autres que servent les moteurs, à traverser les zones de convergence plus connues sous le nom de "pot-au-noir" ; et du 3° au 18° jour, la navigation a été parfaite, pas l'ombre de l'un de ces calmes qui m'avaient retardé en 1977 sur Om et en 1986 sur Voyage... Un bon petit vent jour et nuit, pas beaucoup de manoeuvres, le temps de vivre et de rêver ! Sur les trois derniers jours, ça a été un peu moins rose, avec quelques grains dont l'un a déchiré un bout de ma grand-voile, et la menace d'un front froid qui ne s'est pas vraiment manifesté ; c'est ainsi qu'au bout de 21 jours (contre 24 sur Voyage et.. .37 sur Om !) j'ai atteint pour la troisième fois les Gambier, et la très très belle île de Mangareva
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