Février 2009
Bonjour,
Je vous racontais le mois dernier qu'au début de janvier, Raivavae se vide de ses habitants, qui partent tous bivouaquer dans les motus qui l'entourent... La soudaineté de la chose a été extraordinaire : le lundi 5 au matin, on a vu arriver des dizaines de pirogues, de canots à moteurs, qui ont débarqué des familles nombreuses, dressé des tentes, tendu des bâches, gréé des groupes électrogènes qui ont illuminé l'horizon, obscur toutes les autres nuits de l'année ; cela a duré exactement cinq jours : le samedi suivant , d'une façon tout aussi soudaine, tout a été remballé, tout le monde est reparti pour la grande île... de bien brèves vacances ! Il est vrai que les habitants de Raivavae, pour rien au monde, ne manqueraient la messe du dimanche : ici, ils pratiquent presque tous le même culte protestant, qui reste très puissant dans l'île, et donne lieu à des cérémonies très fréquentes, pour lesquelles toutes les femmes se font à chaque fois une nouvelle robe, dans un tissu commun à toute la paroisse, et chantent à perdre haleine des chansons lancinantes à la polyphonie époustouflante.
Alors le calme est revenu sur nos mouillages préférés, nous y avons repris nos journées paisibles, travaillant au montage des prochains films et à la réédition de « Mettre les Voiles » ; une panne de moteur m'a obligé à passer aussi une journée ou deux à fond de cale, les joies du cambouis?
N'ayant pas pu résoudre le problème seul, nous sommes allés faire un tour à l'île voisine de Tubuai (ou les mutinés du Bounty avaient essayé en vain de s'installer avant de mettre le cap sur l'île Pitcairn), à une vingtaine d?heures de navigation ; un sympathique mécanicien est venu affronter le problème, mais le mouillage de Tubuai était si rouleur que le pauvre garçon s'est retrouvé paralysé par un mal de mer incontrôlable, et qu?il a sans fin rendu son petit déjeuner aux poissons, jusqu'à ce que je finisse par amener Banana Split dans le petit mouillage plus calme de la baie du Tavana. Nous avons profité de la balade pour faire le plein dans le petit supermarché de Tubuai, une chose qui n?existe pas à Raivavae, et le plein de fruits et légumes, qui poussent en abondance dans l'île ; la traversée de retour a été excellente, et nous revoici dans la magnifique baie délimitée par le long motu Haamu, avec pas mal de travail sur la planche, mais dans un décor si idyllique que je ne vous le décrirai pas trop !
Je vous envoie un peu du soleil de Raivavae, le mois prochain, je vous parlerai de mon projet de ré-enregistrer ma chanson « Touchez pas à la mer »
A bientôt
Antoine
Lettre précédente | Lettre suivante