Avril 2008 2008
Bonjour,
Il y a quelques années, on voyait fréquemment dans les îles reculées de Polynésie deux jeunes hommes élégamment vêtus, chemise blanche et cravate, parcourant l'île à vélo pour porter la bonne parole : c'étaient des missionnaires mormons ou témoins de Jehovah...
C'est une autre religion qui se répand actuellement dans ces îles... celle de la Perle, et l'aisance que sa culture apporte fait venir dans l'île des gros 4X4, et des meubles de luxe pour les belles résidences qui se construisent.
Et la culture de la perle a fait apparaître de nouvelles silhouettes dans le paysage des Gambier, de frêles jeunes filles chinoises que l'on voit sur les chemins du village, abritant leur peau blanche du soleil tropical sous de petits parasols : elles ont quitté leur village de Chine pour venir faire ici greffer les perles des éleveurs Polynésiens (jadis c'étaient des japonais qui faisaient ce travail, l'arrivée de ces jeunes filles chinoises est assez récente). J'ai filmé et photographié deux d'entre elles alors qu'elles consacraient deux semaines à greffer près de dix mille perles, glissant soigneusement dans l'intérieur des grosses nacres élevées pendues à des « stations » dans le lagon de Mangareva, un « nucleus », sphère parfaite taillée dans un coquillage des fonds du Mississipi (eh oui, votre perle noire de Tahiti est, en volume, à 99,99% américaine... mais c'est la beauté, les reflets de la nacre qui se déposera sur ces sphères qui fait la rareté et la valeur de la perle). Ces jeunes filles ont une connaissance approfondie (que peu de Polynésiens ont à ce jour pu acquérir) de l'anatomie de la nacre, elles savent exactement où introduire le « nucleus », ainsi que les petits fragments de la chair d'une autre nacre connue pour donner de belles couleurs à ses perles.
Le cadre dans lequel se déroulait cette greffe sino-polynésienne, vous le connaissez, c'est le lagon d'Akamaru, et le petit fare de l'ami Bertrand, qui vit ici avec sa femme Lucie et ses deux filles dans une maison flottante qu'il a construit de ses mains. La culture des perles n'est pas une mine d'or, il s'agit d'un dur travail, dont le moment de la greffe et celui de la récolte sont deux temps forts. Je vous raconterai en détail le mois prochain mon dernier tournage pour Atol en Afrique du Sud ; pour l'instant, si vous habitez la Bretagne, on aura peut-être l'occasion de se voir, je serai le 12 avril le parrain de la nouvelle exposition « Chaud les Coraux » de l'Océanopolis de Brest.
A bientôt
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