Mars 2002
Bonjour,
Dans un vacarme symbolique, impressionnant, la première porte de l'écluse de Gatun s'est refermée derrière Banana Split : soudain, la mer des Caraïbes, n'est plus qu'un souvenir, infiniment lointaine derrière ces tôles d'acier. Devant nous, un cargo fait lentement tourner ses hélices, anxieux lui aussi de s'élever, au fil de trois bassins consécutifs, jusqu'au niveau des eaux du lac de Gatun, 30 mètres au dessus du niveau de la mer, puis de redescendre l'écluse simple de Pedro Miguel, puis l'écluse double de Miraflores, qui nous donnera accès, enfin, au Pacifique.
Et moi je me demande un peu si j'ai bien fait de partir.. rappelez-vous, il y a près de deux ans, j'avais déjà quitté la Caraïbe, mis le cap sur les Galápagos et la Polynésie. pour finalement, irrésistiblement, décider soudain de faire demi-tour et de prolonger un séjour bien trop rapide dans l'archipel des SanBlas.
D'autres archipels m'attendent au fil des longitudes pacifiques : certains déjà visités ou effleurés, d'autres entièrement à découvrir... ils me réserveront sans doute des surprises, des joies... mais je revois comme si j'y étais encore quelques moments précieux vécus au cours de ce dernier séjour dans l'archipel...
- La petite Princesse de Kuna Yala... une fillette de huit ans peut être, élevée depuis l'âge d'un an dans le respect de la tradition Kuna par Liza, la plus active marchande de Molas des San Blas ; Dans le petit musée de Liza, elle montre des molas extraordinaires, véritables pièces de collection, fruit de longs mois de travail... Plus tard, elle prendra la succession de Liza, sa protectrice-protecteur (vous ai-je dit que Liza fait partie de ces Kuna au sexe indéfinissable, homme peut-être par la naissance, mais dont on ne peut parler qu'au féminin ...)
- Les étoiles de mer qui se prélassent dans les fonds de sable blanc de Salar, un de mes mouillages préférés, abrité de tous les vents. J'y ai tourné quelques unes des vidéos pratiques additionnelles de la version 2 du CD Rom " Mettre les voiles ", qui paraîtra bientôt...
Deux ans ou presque ont passé, mon coup de foudre pour l'archipel, pour ses uniques habitants, les indiens Kuna, s'est confirmé, et ses mouillages ne m'ont pas déçu une seule seconde... alors pourquoi partir ... ne me le demandez pas, sans doute parce que quand on est un voyageur, on voyage...
-L'escapade de mon petit dinghy jaune, mal attaché un soir, et parti vivre sa vie entre les récifs de l'archipel ; C'est Arcadio, un cultivateur du village de Maquina qui l'a retrouvé le lendemain, alors qu'il s'aventurait, au hasard des courants, dans l'estuaire du fleuve Esadi ; Arcadio m'a présenté sa fiancée, et j'espère que la récompense que je lui ai remise l'aidera à faire un joli mariage...
Bon, allez, j'arrête, les souvenirs, c'est pour plus tard, le Pacifique m'attend ; l'organisation du Canal m'a fourni un " Adviser " (pilote) curieux, qui portait des gants blancs et s'enduisait d'écran total pour ne pas ressembler à un noir... on l'a aussitôt baptisé Michael Jackson, et on l'a laissé dormir : au moins pendant ce temps là il ne me compliquait pas la vie en exigeant des manoeuvres complexes et inutiles alors que le transit du Canal pourrait être une chose toute simple ; au passage de l'écluse de Miraflores, la webcam du Canal a mis des images de Banana Split en ligne, et la dernière porte s'est ouverte enfin, voici le Pacifique aux amples marées, les longues traversées, les îles surgissant lentement à l'horizon... je vous raconterai.
Amitiés
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