Juin 2004 2004

Bonjour,

J'ai d'abord songé au Stade de France : je fête le 4 juin mon anniversaire, soixante ans, et par la même occasion mes trente ans de bateau (comme le chanterait presque Alain Souchon : "Bateau, Trente ans, rien que du bonheur"), et bientôt mes quinze ans de navigation à bord du catamaran jaune Banana Split....
J'avais songé au Stade de France, comme nos deux gloires nationales, Johnny et Bigard... finalement j'ai préféré un atoll totalement désert des Tuamotu, en Polynésie : ça a la même forme ovale, mais il y a moins de monde !

« En mai, fais ce qu'il te plait, dit l'autre ». Je me suis attaché à faire exactement ça : d'abord, continuer le tournage de mon prochain film, consacré en grande partie à la Polynésie: nous avons volé tout autour de Tahiti et des îles Sous-le-Vent; nous avons filmé des cascades, des anciens temples des religions polynésiennes, des danses et des fêtes, des plantes et des oiseaux; nous avons visité la maison de James Norman Hall, un des auteurs des "Mutinés du Bounty", le Musée de la Perle Noire, le Jardin Botanique; nous avons filmé des enfants joyeux plongeant du haut des branches d'un purao dans un bassin d'eau claire, des kite surfers s'envoyant en l'air suspendus à leurs étranges parachutes, nous avons visité des hôtels sur pilotis et des petites pensions, chez l'habitant, à faire rêver. Nous avons mangé beaucoup de poisson cru et bu pas mal de cocos verts...et je m'appliquerai à mettre tout cela dans le prochain film.

Et puis j'ai quitté la frénésie du tournage pour rejoindre Banana Split qui m'avait attendu à Hao, aux Tuamotu; le temps de faire disparaître dans les entrailles du catamaran le ravitaillement, vivres, boissons, matériels divers que j'avais fait expédier par le petit caboteur local du quai de Papeete, et Banana Split s'est enfin trouvé prêt à reprendre le large et à se perdre de nouveau dans les atolls des Tuamotu, jetant l'ancre à l'abri d'îles dont ma préférée, celle où je compte fêter mon anniversaire, n'a même pas de nom sur la carte. Elle n'est toujours habitée que de quelques dizaines de couples de noddis bruns au nid, de fous et de sternes blanches, et ses plages sont bordées d'arbre aux feuilles d'un vert brillant portant de petites fleurs odorantes, les fleurs de Tafano.
C'est une bouffée de l'éphémère mais délicieux parfum de ces petites fleurs que je voudrais vous envoyer, si l'Internet permettait de compresser et d'envoyer par mail les parfums ! En attendant, je vous envoie mes salutations les plus alizéennes.