Avril 2014
Bonjour,
San Francisco (Californie), Kyushu (Japon), Ventotene (île italienne), Nuku Hiva (Marquises)... je voyage énormément, ces jours-ci, sans quitter mon mouillage de l'atoll de Hao : je suis en train d'écrire les textes de notre prochain livre, un nouvel album de photos que je dois rendre à Gallimard d'ici le mois de mai.
Il faut dire que je me suis trouvé un mouillage de rêve, qui ne rivalise pas avec le fameux « Mouillage Numéro Un » dont je ne cite jamais les coordonnées, mais qui n'en est pas tellement loin, un mètre vingt d'eau turquoise sur fond de sable fin, plage, cocotiers...
Ce ne sont ni les Oscars, ni les étoiles du Michelin, mais j'ai décerné à ce mouillage une des plus hautes distinctions jamais décernées à un mouillage, celle de « Place du Pastis ». Le petit coin sous les cocotiers où je vais boire mon petit pastis léger est orné pour quelques jours de notre élégante signalétique ; je le bois seul puisque Francette est rentrée en France pour divers projets, dont celui de préparer notre tournage aux Caraïbes prévu au mois de mai.
Hao a encore une petite base militaire. A mon arrivée, ils m'ont invité à passer leur dire un petit bonjour, et la photo ci-jointe pourrait être l'occasion d'un petit jeu : Dans les personnes présentes sur la photo, une seule n'est pas militaire. Laquelle ?
Ils sont une trentaine, qui sont ici... pour détruire ... Non, pas des positions ennemies, mais les vestiges, dalles de béton, hangars, de l'époque où Hao était une base arrière pour les essais nucléaires de Mururoa. Ils y mettent une belle énergie, mais malheureusement, dès qu'une zone non plantée est rendue à son état naturel, il ne faut pas trois ans pour qu'elle soit totalement envahie par une dense forêt de aito (appelés ailleurs filao), une sorte de conifère tropical qui se multiplie à une vitesse folle;;; et s'il porte aussi le nom de « bois de fer », c'est qu'il devient vite résistant aux plus puissantes des tronçonneuses.
Ici, dans mon coin tranquille, pas de béton, pas d'engins, mais j'ai trouvé cette petite maison désertée au bord d'une longue plage ; qui l'a décorée d'un mignon « chez nous » ? Je ne sais pas, mais ils ne sont plus là... peut être une occasion à saisir !
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