Décembre 1998
Bonjour,
Décembre 98 - Des Açores aux Antilles
A l'instant où j'écris cette lettre, quelques centaines de milles me séparent encore des Antilles, vers lesquelles Banana Split se dirige à nouveau, au terme d'un assez impressionnant périple: cette année j'aurai navigué près de 12000 milles, la moitié ou presque du tour de la terre...
Dans ma dernière lettre, nous nous étions quittés aux Açores: j'ai parcouru d'île en île cet archipel magique, que je ne connaissais pas encore; après les lacs de Flores et les Hortensias de Faial, j'ai admiré les incroyables vignobles de rocaille qui s'étendent au pied du Pico, dans l'île qui porte ce nom; les traditions de Terceira, où l'on lâche dans les rues des petits villages un taureau devant lequel courent les plus hardis (je suis resté aux fenêtres !).
Dans l'île de San Miguel , j'ai fait provision d'ananas pour la traversée qui m'a conduit jusqu'à l'archipel de Madère; là, j'ai une préférence pour l'île de Porto Santo, aride mais chaleureuse; quelle douceur dans son unique petit village, sous les guirlandes de la fête annuelle, quel plaisir de déguster les pastels, délicieuses pâtisseries portugaises.
A Madère, j'ai retrouvé les vignobles célèbres... et le curieux carro de cesto, descente vertigineuse du sommet du Monte jusqu'aux faubourgs de Funchal dans un confortable canapé d'osier monté sur patins de bois, guidé par deux hommes vêtus de blanc qui courent de part et d'autre du panier pour le guider
Et puis Banana Split a repris la route du sud, destination les Canaries: les inimaginables paysages des vignes de la Geria, immenses alignements de cratères lunaires construits par l'homme pour protéger les vignes; les dunes de Fuerteventura, au pied desquelles les fous de Windsurf viennent se défoncer; les bananiers et les palmiers des vallées secrètes de la Grande Canarie, et son petit port fleuri ou j'aime retourner, Puerto de Mogan, pour manger de délicieux poissons frais et les Papas arrugadas con mojo picante, petites pommes de terre servies avec une délicieuse sauce pimentée au cumin.
A Ténériffe, j'ai filmé le Teide et ses fantomatiques sentinelles de roche; et puis je suis allé découvrir trois îles que je ne connaissais pas encore, Hierro qui porte le phare du méridien zéro, la Palma où se creuse le gigantesque cratère de la Caldeira de Taburiente, et La Gomera, où l'on fait encore du miel avec la sève des palmiers, et où l'on se parle encore, d'une vallée à l'autre, en utilisant des sifflements qui peuvent traduire tous les mots de toutes les langues!
Une semaine de navigation et voilà les îles du Cap Vert; une brève escale, le temps de retrouver leurs paysages arides mais impressionnants, de déguster une Cacupa, la spécialité locale à base de Mais, et surtout de me replonger un instant dans la merveilleuse musique Capverdienne, en écoutant Mobifuco, ou l'extraordinaire Malaquias Costa, violoniste-guitariste-joueur de cavaquinho, dynamique et bondissant de joie de tous se 84 ans!
Toutes ces images, toutes ces rencontres, elles seront dans le dixième film de la série " Iles... était une fois ", à paraître en octobre prochain.
Et puis j'ai repris la mer pour une quinzaine de jours de traversée, avec déjà dans les yeux des rêves d'eau transparente, de corail, de sable blanc, de cocotiers et de ciel bleu, des rêves de Caraïbes...
A bientôt
Antoine
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